L’histoire de la propriété BRESSE de Saint Marcel à Vienne

Cette propriété est située derrière le Mont Pipet, où il y a la chapelle dédiée à Notre Dame de la Salette, sur la colline de Sainte Blandine. Pour y accéder, venant du centre de Vienne, on prend la route de Beaurepaire, la montée Saint Marcel. On arrive sur un replat et on atteint l’Octroi de la ville de Vienne. Cet octroi, n’existe plus en tant que tel, mais à partir de là, il y a une rue qui s’appelle le Chemin de l’Octroi. Ce chemin devait servir du temps des Romains, car il y a une ancienne voie romaine qui y passe, en partie enfouie où l’on voit encore les roues des chars romains qui ont creusé les pierres de la voie.

Voici le plan de la situation de cette propriété

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On peut aussi accéder à l’octroi, en passant par la rue Pipet qui est plus rapide pour accéder par exemple au Collège Ponsard.

Derrière, il y a un plateau, avec une voie de circulation, le Chemin des Maladières, qui mène au hameau de Saint Benoit. Il y avait sans doute avant une léproserie dans ce quartier.

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La propriété est située entre ce chemin de l’Octroi et le chemin des Maladières.

La famille BRESSE possédait aussi un domaine à Jardin, commune située pas très loin de Vienne, avec une ferme et environ 20 hectares de terrain.

Dans la famille, personne ne connaissait bien l’histoire de la propriété de Saint Marcel. C’est mon père qui a interviewé sa mère, Emma Bertini, le 11 Novembre 1946.

Comme dit dans l’article précédent, c’est Innocent François Candide qui a acheté cette propriété. Son fils, Gustave BRESSE, mon arrière-grand père en a hérité. A l’époque, il n’y avait qu’une ferme et petit pavillon de 2 pièces situé à l’emplacement de la maison bourgeoise actuelle.

La propriété en terrain était plus réduite que par la suite où elle a atteint la surface totale d’environ 4 hectares. Il avait acquis en plus, ce que l’on appelait le jardin d’en bas, situé entre le chemin de l’Octroi et la départementale N°538 qui prenait la suite de la montée Saint Marcel et qui allait à Beaurepaire.

Gustave BRESSE a vraiment fait construire la maison dans son pourtour actuel. C’est-à-dire le rez-de-chaussée avec une grande cuisine taillée en partie dans la roche, et avec une grande verrière, assez haute de plafond, une entrée en forme de hall, un salon avec des ouvertures donnant sur la rue en étage, une salle à manger taillée en partie dans la roche ainsi qu’une alcôve, un bureau donnant sur la rue, une chambre qui servait de lingerie. Au 1er étage, il y avait des chambres, au 2 ème étage, un grenier et une magnanerie. Il s’agissait d’un local, muni d’un système de chauffage, où se pratique l’élevage du vers à soie. Mon arrière-arrière-grand-père, Innocent François Candide avait aussi une magnanerie à Artas.

Du temps de mon grand-père, Francis BRESSE, la propriété s’est agrandie : il a acquis des terrains qui étaient sur le plateau au-dessus de la propriété des Lesueur, industriels de Vienne.

C’est surtout du temps de mon grand-père que la maison s’est agrandie pour atteindre sa situation actuelle.

Vers 1894, au moment de la naissance de mon père, le 2 ème étage a été surélevé, et on a créé le 3 ème étage avec des petits clochetons. On a créé des chambres au 2 ème étage.

Vers 1908, il y a eu l’aménagement du rez-de-chaussée actuel, du 2 ème dont une partie était restée en grenier et des chambres au 3 ème.

Vers 1924, création de la salle du billard au 1 er étage, création d’une montée d’escalier du 1 er au 2 ème par la salle du billard. Le 1er étage avait un accès par l’extérieur et même un accès par le chemin de l’Octroi, indépendant.

C’est cette partie qui a été ensuite coupée en deux, lors de la succession de mon grand-père en 1945. Cela faisait 2 logements indépendants.

C’est mon grand-père qui a amené toutes les commodités, comme le chauffage central, dont la chaudière était située au rez-de-chaussée, une cuisine toute équipée avec des lumières qui s’allumaient pour les domestiques si quelqu’un appelait depuis une chambre. Il y avait une buanderie au niveau du logement à l’étage. Il y avait un grand garage, donnant sur le chemin de l’Octroi. Il y avait dans ce garage, un pressoir et une cuve pour faire le vin. Il y avait un cellier avec des tonneaux pour stocker le vin. Il y avait aussi des endroits de stockage du charbon et du bois, pour la cuisine et la chaudière. L’entrée principale par le chemin de l’Octroi était faite avec un décor en ciment, en forme de grotte, typique des années 1900, avec une véritable amphore romaine.

Mon arrière-grand-père et mon grand-père avaient réalisé tout l’aménagement extérieur du jardin d’agrément : la grande allée située devant la maison, avec une terrasse extérieure, des balustrades typiques de l’époque. Il y avait un immense érable sycomore qui faisait beaucoup d’ombre, pour pouvoir manger dessous.

Partout dans le jardin, il y avait des lieux privilégiés, avec un terrain pour jouer à la boule lyonnaise, des abris décoratifs, avec une armature en fer. Il y a eu aussi des plantations d’arbres, comme les platanes dans l’allée principale, des pins et des sapins, et même un sequoia.

L’alimentation en eau

Comme toutes les propriétés de l’époque, il n’y avait pas l’eau de ville apportée par la commune. Elle n’est arrivée que dans les années 1950. La propriété était alimentée par des puits situés sur la propriété et surtout par une source privative qui était située vers Jardin. Il y avait une canalisation qui amenait cette eau jusqu’à la propriété. Elle suivait la route départementale, puis passait en dessous pour alimenter la maison et allait, car il y avait du débit et de la pression jusqu’à un bassin qui avait été creusé sur le plateau, comme trop-plein. Ce bassin avait à peu près 15 mètres de diamètre et une profondeur de 2 m, au plus profond. Il a beaucoup servi pour l’arrosage des cultures et du jardin. Ce bassin a aussi servi de piscine, l’été. Quand, il y a eu l’eau de ville, il y avait un système qui permettait de basculer d’une eau à l’autre.

Quelles étaient les cultures ?

Il y avait une ferme sur la propriété avec une famille de paysans. Du temps de mes grands-parents, la propriété était pour l’essentiel de la vigne. C’est pour cela que le garage était équipé pour le vin.

Du temps de mon père, qui a repris la propriété vers 1950, il a arraché une bonne partie de la vigne qui ne représentait plus qu’un hectare. Il a planté aussi des raisins pour manger, comme les « dattiers de Saint Vallier » qui pouvaient se conserver jusqu’à Noël.

Mon père a ensuite planté que des arbres fruitiers, comme des cerisiers, pêchers, abricotiers, des poiriers, des pommiers.

Lorsqu’il s’est trouvé en retraite, mon père a repris entièrement la propriété et s’est lancé dans l’arboriculture. Toutes les cultures étaient essentiellement sur le plateau. En plus des pêchers, abricotiers, il a planté beaucoup de poiriers (claps, guyot, louise-bonne, williams). Les poires Williams étaient la spécialité de Vienne et sa région. Il avait beaucoup de producteurs. On produisait même de la liqueur, la Williamine. Chaque année, la récolte de la poire williams était importante, de l’ordre d’une tonne et était vendue à un grossiste.

Dans les années 60, mon père a fait la plantation de variétés de pommes américaines, en espalier. De toutes ces variétés, certaines sont encore connues, Golden Delicious, Red, Richared, Winter Banana, puis d’autres.

Qu’est devenue la propriété au décès de mon grand-père, Francis BRESSE ?

Mon grand-père est décédé le 9 octobre 1941, à Vienne, à l’âge de 80 ans.

Mon grand-père, était avoué à Vienne et conseiller général pour le Département de l’Isère jusqu’à la fin de sa vie.

On était alors en pleine guerre de 40-45.

A cette époque, mon grand-père avait 4 enfants vivants :
–        ma tante Françoise, née en 1887, qui avait perdu son mari, Paul Sautreaux, médecin, décédé en 1928. A cette époque elle avait 4 enfants vivants : Renée née en 1913 qui était religieuse, Paulette née en 1916, mariée, François, né en 1920, Claude, né en 1924
–        ma tante Madeleine, née en 1889, mariée avec Pierre Gardon, sans enfant
–        mon oncle Paul, né en 1891, architecte, célibataire à ce moment là
–        mon père, Jean, né en 1894, marié en 1928 à Madeleine Sève qui est décédée au Maroc, en Février 1943. Mon père s’est remarié avec ma mère, Suzanne Henry en 1944. Mon père avait 5 enfants avec moi qui suit né à Vienne le 20 Septembre 1945.

Compte-tenu de la guerre, il était trop difficile de faire la succession. Pendant la guerre, ma grand-mère vivait dans la maison, avec ma tante Françoise, qui avait encore 2 fils à charge.

Mon père est rentré du Maroc en 1945, et s’est occupé à ce moment-là de la succession.

Le notaire chargé de la succession était le notaire de la famille, Maitre Pierre Frécon. Il fallait faire 4 lots d’une valeur à peu près égale. Il y avait aussi un géomètre et un expert, Mr Barathon.

Le notaire avait défini 4 lots :
–        le premier lot : le rez-de-chaussée et une partie du  1 er étage de la maison bourgeoise, pour 552 000 francs
–        le deuxième lot : une partie du premier étage, le deuxième et le troisième pour 471 000 francs
–        le troisième lot : une partie des terrains avec la ferme, occupée par Mr Ailloud, pour 410 000 francs
–        le quatrième lot : le domaine de Jardin pour 400 000 francs

Les bénéficiaires étaient d’accord pour que Mme Emma, veuve BRESSE, soit usufruitière de la maison pour son usage personnel.

Le tirage au sort a été effectué le 2 Novembre 1945. Le résultat a été le suivant :
–        le premier lot est attribué à ma tante Madeleine,
–         le deuxième lot est attribué à ma tante Françoise
–         le troisième lot est attribué à mon père
–         le quatrième lot est attribué à mon oncle Paul

L’acte de succession stipulait qu’il y aurait un règlement de copropriété définissant quelles étaient les choses communes entre les lots 1, 2 et 3, comme la maison bourgeoise, les chemins d’accès, la buanderie, les règles à respecter, en particulier d’avoir l’accord des autres propriétaires pour faire des modifications extérieures, et ensuite les charges communes.

Avec le 1er et le 2 ème lots, il y avait aussi les terrains afférents, comme les jardins d’agrément. Ma tante Françoise est devenue ainsi propriétaire des terrains situés sur le plateau, au-delà du bassin qui était en copropriété.

Mon père est devenu propriétaire de la ferme Ailloud avec tous les terrains afférents, où était situé les vignes et également le « jardin d’en bas ».

Après le décès de ma grand-mère, en 1950, ma tante Françoise a loué le logement à Mr et Mme Gautier, retraités avec un fils, ex-directeur de la Caisse d’Epargne de Vienne.

Comment mon père a pu devenir le seul occupant avec sa famille de 5 enfants de la maison bourgeoise (lot N°1) ?

Le lot N° 1 correspondait au rez-de-chaussée et une partie du 1 er étage de la maison bourgeoise qui était la propriété de ma tante Madeleine. Elle a accepté de la louer à mon père, en gardant l’usage de 2 pièces, dont l’une correspondait à la chambre à coucher de mes grands-parents.

Ma tante Madeleine, qui n’avait pas d’enfants, n’a jamais voulu dire à qui elle lèguerait son lot.

A son décès, en 1981, on a appris qu’elle l’avait légué à mes deux cousines germaines, filles de ma tante Françoise, Renée, religieuse, carmélite, et Léonie Marie Paule (dite Paulette) mariée à Pierre Rochas. Comme elles n’en n’avait pas l’usage, elles le mirent en vente au gendre de mon cousin germain, François Sautreaux, Jean Michel Gobba, mari de Martine Sautreaux, fille de François Sautreaux qui était déjà propriétaire du lot n° 2, au décès de ma tante Françoise.

Mon père louait aussi les terrains qui étaient sur le plateau qui appartenait à ma tante Françoise, puis après son décès à son fils Claude, mon cousin germain. Celui-ci a voulu vendre les terrains du plateau. Sur ce terrain a été construit une maison.

Mon père, a voulu de son vivant faire une donation partage des terrains à ses 5 enfants qui a l’avantage de frais de succession réduits. Finalement, ce fut trop compliqué et il a vendu des terrains qui étaient accessibles par le chemin des Maladières, pour en faire un lotissement, avec un chemin d’accès qui s’appelle, le Parc de l’Octroi.

A son décès, en 1982, il ne restait propriétaire que de terrains enclavés, soit autour du bassin, pour des raisons de sécurité, soit du coté de l’accès chemin de l’Octroi, près du puits. La vente de ces terrains ne s’est faite qu’en 2017, à l’occasion de la vente du lot N° 2 qui appartenait, en copropriété aux 5 filles de mon cousin François, à Vincent Gobba, le fils de Jean Michel Gobba pour faire construire des maisons.

Quelques photos de l’extérieur de la maison de Saint Marcel.

(Photo JF BRESSE)

La maison avec une partie de la propriété, correspondant au jardin d’agrément, en 1961

On aperçoit en premier plan, le « jardin d’en bas » qui avait été loué, pour la partie droite à un pépiniériste et marchand de fleurs de Vienne, Mr De Clippler, et vendu pour la partie gauche, à un jeune ingénieur, chez Elf à Feyzin, Mr Gelin qui s’est trouvé être un cousin issu de germain de mon beau-père, René Gelin. On voit sa maison qui est en construction. On aperçoit le chemin de l’Octroi.

(Photo JF BRESSE)

On aperçoit la maison prise d’un peu plus loin, à la même époque, avec la route départementale N°538.

(Photo JF BRESSE)

Une autre vue qui montre la partie jardin d’agrément du lot N°2

(Photo JF BRESSE)

Une vue de la toiture depuis le plateau où est situé le bassin

(Photo Paul BRESSE)

Une vue de la terrasse vers 1914, avec à droite, ma tante Françoise, derrière, ma tante Madeleine, et dans les bras de ma grand-mère, Emma, la fille Renée de ma tante Françoise

(Photo Paul BRESSE)

Une vue du jardin d’agrément, coté du lot N°2, en 1910

(Photo JF BRESSE)

Vue de la maison avec ses 3 étages vers 1958

(ma sœur Marie-Françoise et moi)

(Photo JF BRESSE)

Vue la grande allée avec l’érable sycomore (à droite)

(Photo JF BRESSE)

Vue la grande allée avec l’érable sycomore (à gauche)

(Photo JF BRESSE)

Vue du bassin qui servait de piscine

Le paysage vu de la maison par le peintre Hippolyte LETY 

Le mur du jardin d’en bas, avec au fond La Passardière

Le ruisseau de Saint Marcel avec La Passardière

Quel est le nombre de maisons actuellement sur le terrain de la propriété ?

Dans la situation actuelle, on peut compter 14 maisons en plus de la maison BRESSE.

De plus 4 maisons sont en construction, sur le terrain du lot 2 qui a été rachetée par Vincent Gobba.

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