Cette histoire de la famille BERTIN, puis BERTINI est tirée essentiellemnt du livre de Pascal BEYLS (voir article précédent), sauf pour l’arrière grand-père Servais BERTIN et son grand-père Servais Gabriel, d’après ce que j’ai trouvé sur internet
Il était maître de chapelle à Versailles et à Paris, graveur de musique et éditeur à Paris, à la rue du Four Saint Honoré proche du Caffe d’Elie. En 1742 sa fille d’environ 16 ans était graveuse dans son entreprise, sa musique était jouée aux Menus-Plaisirs du Roi, le 15.juin.1751 comme ‘Bourgeois de Paris’. Le 21.fév.1713 il épousa Elisabeth Claude Le Camus (1686-) qui est décédé et en 1725 il épousa Jeanne Buisson.
Il a composé beaucoup d’oeuvres musicales, dont une suite, des symphonies pour flute et hautbois et des chants à boire.
Dans le livre de Pascal Beyls, il y a eu un mélange entre l’arrière grand-père et le grand-père.
On connait très peu de choses sur Servais Gabriel BERTIN en dehors du fait qu’il s’est marié avec Suzanne ALLARD et qu’ils ont eu au moins un enfant, Jérôme Gabriel BERTIN
Son père Jérôme Gabriel BERTIN, dit BERTINI (1746-1819)
Emma Octavie BERTINI( 1861-1950) était ma grand-mère parternelle.
Elle m’a sans doute connu, mais je n’en n’ai pas le souvenir. Elle a vécu une bonne partie de sa vie à la maison de Saint Marcel à Vienne.
On ne parlait pas souvent de la famille BERTINI à Vienne, on parlait plus des familles BRESSE, BUISSON, LACOMBE, CHABROL
J’ai retrouvé par hasard, un jour dans un grenier des exemplaires des partitions de Henri Jérôme BERTINI , que j’ai pu récupérer lors du décès de mon cousin germain François SAUTREAUX
Elle avait gardé comme souvenirs que je sache :
le piano de son grand-père; qui était dans la grande pièce salon, salle à manger : il a été vendu par mon père quand il est venu habiter à Saint Marcel
le portait de son père Henri Gabriel, identique à la photo précédente qui était encadrée et de grande dimension dont on ne connait pas l’auteur. Ce portrait tronait dans le bureau de mon grand-père et qui devint celui de mon père.
de magnifiques vases en porcelaine asiatiques qui étaient au dessus de la cheminée du bureau
Henri Bertini, aujourd’hui tombé dans l’oubli, fut un pianiste virtuose doublé d’un compositeur de musique. Né en 1798 d’une famille de musiciens, il est un enfant prodige et à 12 ans, donne des concerts dans différentes villes d’Europe. Comme exécutant, il s’est placé au rang des premiers artistes. Moins virtuose que Kalkbrenner ou Herz, Bertini avait un ensemble de procédés, une exécution personnelle d’une rare valeur et d’un excellent modèle.
Connu surtout pour ses études et sa méthode de piano, son œuvre préromantique se compose de 180 opus et renferme près de 500 morceaux dont de nombreuses compositions pour piano à deux et à quatre mains, des variations sur des airs d’opéras, de charmants sextuors, des duos, des trios, un nonetto, des symphonies.
D’un style original et riche en idées musicales, Bertini se révèle être un compositeur agréable méritant d’être redécouvert.
Egalement a été analysée l’œuvre, encore plus méconnue, de son frère Auguste.
Une liste des compositions avec la localisation des partitions rendra enfin aux musiciens les plus grands services dans leurs recherches.
On a aussi sur Wikipédia, une biographie très complète (en anglais, en français, et traduite en 10 langues) de toutes ses oeuvres : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bertini
Henri Bertini, connut la célébrité et, de son vivant, reçut les honneurs du dictionnaire.
Ainsi pouvait-on y lire en 1867 :
« Bertini (Henri Jérôme), né à Londres en 1798, est un des pianistes les plus distingués de notre époque et un compositeur d’un rare mérite. M. Bertini eut pour professeur son frère, qui lui inculqua les principes de Clémenti. Au retour de divers voyages qu’il fit en Hollande, Allemagne et en Angleterre, M. Bertini se fixa à Paris vers 1821. Sous le rapport de l’exécution, M. Bertini appartient à l’école éclectique. Son jeu sobre et large, qui rappelle celui d’Hummel, n’exclut en rien chez lui le côté brillant de l’exécution. Comme compositeur, M. Bertini joint à un style grave un goût détaché et fin. Ses œuvres portent un cachet d’élégance, de distinction et même d’originalité qui lui a toujours valu l’approbation des connaisseurs et lui a enfin concilié la faveur du public. Des deux cents œuvres environ qu’il a composées pour le piano, les plus populaires et les plus justement admirées sont ses Etudes pour le piano. M. Bertini réside actuellement aux environs de Grenoble. Il a pris une part active à la rédaction de l’Encyclopédie pittoresque de la musique, et publié un livre didactique sous le titre de : Le Rudiment du pianiste. »
Henri Jérôme Bertin dit Bertini, pianiste virtuose et compositeur, était issu d’une famille de musiciens. Il naquit le 28 octobre 1798 à Londres à la fin du séjour de ses parents. Il était âgé à peine de six mois lorsque sa famille revint à Paris. Il reçut de bonne heure les leçons de son père. Dès son jeune âge, il se révèle être un enfant doué aux progrès très rapides.
A douze ans, sous la conduite de son père, l’enfant donna plusieurs concerts dans différentes villes. Durant l’un d’entre eux, le grand musicologue Fétis le rencontra à
Bruxelles en 1811. Il le commenta ainsi : » Le talent de son exécution excitait l’admiration des connaisseurs. » L’enfant Bertini parcourut ainsi les Pays-Bas et
l’Allemagne du Rhin, et obtint partout des applaudissements. Pendant tout ce voyage, il continua de travailler avec soin sous la direction de son père. De retour à Paris, il y fit un court séjour et suivit des études d’harmonie et un cours de composition, puis se rendit en Angleterre et en Ecosse, où il passa quelques années. On le retrouve ensuite à Bruxelles avec son père où il s’installe alors comme professeur de piano.
A Bruxelles, le 16 avril 1820, Bertini fit jouer au Théâtre de la Monnaie, un opéra comique en un acte, Le jaloux dupé, sur des paroles de Camille Mellinet. En 1821, il s’établit à Paris. Bertini se trouve dans une époque où le piano connaît une grande faveur dans le public. Naturellement, il joue dans les concerts à Paris. On connaît, par les journaux musicaux de l’époque, quelques-uns de ses concerts.
Le 20 avril 1828, il joue aux salons Pape avec Franz Liszt, qui commence sa brillante carrière. Bertini venait de transcrire pour piano la symphonie en la majeur de
Beethoven en l’arrangeant pour huit mains. Bertini, Liszt, Sowinski et Schunke jouèrent ensemble la transcription.
Le mois suivant, il joue avec son ami Fontaine au violon un concert des œuvres de son ami Ferdinand Sor. Bertini devient donc un concertiste à la mode. Il se produit non seulement à Paris mais aussi en province. Par exemple, le 10 mars 1833, il donne avec son ami le violoncelliste Franc-homme une matinée musicale dans les salons Pleyel. Au programme, il met un nouveau sextuor, son deuxième :
C’est avec plaisir que nous parlons d’artistes du mérite de MM. Bertini et Franchomme, parce que chaque occasion qui s’offre à nous de les nommer en est une de leur donner les éloges auxquels ils ont tant de droits. L’un, fort de sa conscience et de son amour pour l’art, a su résister à l’envahissement du mauvais goût, et, conservant au piano sa destination primitive, en a fait l’esclave du compositeur et non pas celui de l’exécutant. L’autre, au sortir des bancs d’école, s’est placé au-dessus des plus habiles violoncellistes. C’est, le répéterons-nous, un vif contentement pour nous de trouver de vrais artistes sur notre chemin, habitués que nous sommes à heurter tant de médiocrités.
Un nouveau sextuor de M. Bertini a ouvert cette séance intéressante. Ce morceau est sous tous les rapports digne d’être placé sur la ligne des œuvres du même genre et du même auteur pour lesquels nous avons exprimé si souvent notre estime. La partie de piano n’est pas rendue importante aux dépens des autres instruments ; défaut qu’évitent à grand peine les pianistes qui composent de la musique d’ensemble. Chaque voix, dans le chœur instrumental, a son rôle qu’elle conserve suivant son importance, sans essayer d’écraser les autres voix. Le second et le troisième morceau du sextuor nous ont semblé surtout remarquables entre les autres. La mélodie en est élégante et pure ; la disposition originale entre les différentes parties décèle une main habile. Ce morceau est un des mieux qu’ait écrits M. Bertini.
M. Franchomme a exécuté un morceau composé sur un thème du Pirate et un duo pour piano et violoncelle avec M. Bertini. Toutes les qualités qui constituent un habile violoncelliste se trouvaient réunies chez M. Franchomme : volume et justesse du son, brillant de l’archet, manière de phraser large et expressive. Enfin, nous l’avons dit, presque encore élève, ce jeune artiste s’est placé par son talent à la tête des violoncellistes français. L’un des derniers quintettes de M. Onslow a été exécuté à cette matinée.
A Paris, le monde de l’exécution pianistique de cette époque est dominé par des virtuoses du piano tels que Kalkbrenner et Thalberg ; d’autre part, on découvre de
plus en plus Liszt et Chopin. Aussi, il a fallu beaucoup de temps à Bertini pour être connu et apprécié à sa juste valeur. Ses contemporains estimaient que le jeu de
Bertini, sans être sévèrement classique, avait « de la gravité et de la largeur ». Il fut classé comme un virtuose de l’école de Hummel sachant allier, comme lui, la
sobriété et l’élégance :
Comme virtuose, il s’est placé au rang des premiers artistes en son genre. Son talent d’exécution appartient plutôt à l’école mixte dont Hummel est le maître
qu’à l’école actuelle. Il joue avec sagesse et avec largeur, sans renoncer toutefois au brillant qui est dans la nature de l’instrument.
Dans un article publié deux mois après sa mort, Marmontel décrivit la manière de jouer de Bertini :
Son jeu tirait de Clémenti par la régularité et la clarté dans les traits rapides, mais la qualité du son, la manière de phraser et de faire chanter l’instrument participaient de l’école de Hummel et de Moschelès. Moins virtuose que Kalkbrenner et Henri Herz, Bertini avait pourtant un ensemble de procédés, une exécution toute personnelle, d’une rare valeur et d’un excellent modèle.
Il est fort probable que Berlioz et Bertini se connaissaient. Mais l’auteur de L’Enfance du Christ ne le mentionne ni dans ses Mémoires ni dans les lettres qu’il
écrivait. Il en existe toutefois une que Berlioz écrivit à Bertini vers 1830. Il désirait aller le voir avec son ami M. Richard, hommes de lettres, traducteur des Contes
d’Hoffmann et excellent musicien. Dans cette lettre, Berlioz écrivait qu’il était lui-même un grand admirateur du génie de Bertini et que sa musique « lui fait battre le
cœur énergiquement ». Il ajoutait de plus :
Je ne connais encore que vos études et votre sextuor, mais quand j’y pense et que je vois tant de misérables barbouilleurs de papier et marteleurs de piano avoir des réputations … que je voudrais pouvoir les réunir en un seul homme afin de les stigmatiser comme ils le méritent …
Egalement, le critique musical qu’était Berlioz devait écrire un article sur la Méthode pour piano dans le Journal des Débats du 9 juillet 1843 :
Nous devons signaler maintenant, parmi les ouvrages théoriques les plus utiles à l’étude du piano, la méthode de H. Bertini. Les professeurs à qui cette méthode est dédiée ont su reconnaître son incontestable supériorité et l’ont adoptée dès son apparition ; elle se répand de plus en plus, et bientôt elle sera d’un usage général, car nulle autre n’est conçue sur un plan aussi rationnel. En outre, prenant l’élève à son début et le menant jusqu’aux grandes difficultés, elle n’exige aucun autre ouvrage auxiliaire, guide-mains, dactylion, etc. Elle est complète à tous égards.
H. Bertini vient en outre de publier cinquante études mélodiques fort remarquables et la collection des préludes et fugues de Sébastien Bach, arrangés à quatre mains. Ces chefs-d’œuvre classiques deviennent ainsi accessibles aux pianistes d’une force ordinaire, qui ne pouvaient jusqu’à présent envisager sans effroi les difficultés innombrables présentées par cette musique dans la forme primitive qu’elle reçut de l’auteur.
Vers 1848, un changement apparaît nettement chez Bertini. Est-ce le décès de sa seconde femme qui en est la cause ? Est-ce le fait qu’il ne s’est pas imposé comme
Chopin ou Liszt ? Toujours est-il que cette année-là, il publie son dernier sextuor qu’il a dédié à Berlioz. C’est l’opus 173. Il est suivi par une fantaisie sur un opéra
de Rossini. Ce sera la dernière composition. Il se consacre désormais à achever l’ensemble de sa collection d’études, c’est-à-dire cinq livres de vingt-cinq études qui
seront publiés finalisant ainsi tous les degrés nécessaire au pianiste. Il décide aussi de quitter Paris et de se retirer dans le Dauphiné. Il suit en cela la même démarche
que Rossini et se fait volontairement oublier. On expliqua « qu’il n’aimait pas le monde ». Ses idées s’étaient également portées vers la religion. Il s’établit à Grenoble
puis dans une petite ville voisine, Meylan. Dès lors, il ne joua plus en public et ce n’est qu’à de très rares intervalles qu’il donnait quelques morceaux de piano à ses
admirateurs. Il ne composa pratiquement plus hormis une série d’esquisses musicales, quelques chants et quelques messes. A partir de 1860, on ne trouve plus
aucune mention d’une activité musicale.
Dans ses dernières années, Bertini aimait à faire de fréquentes visites à la Grande Chartreuse. Il y improvisait à l’orgue des mélodies inspirées de ses sentiments
religieux. Il restera à Meylan, vieillissant dans le calme et la sérénité. Il mourut dans sa propriété, pieusement et entouré de sa famille, le 30 septembre 1876.
Bertini fut surtout un compositeur. On lui doit un grand nombre d’œuvres et ses numéros d’opus arrivent au numéro 180. On y trouve vingt livres d’études contenant
quelque cinq cents morceaux, des trios pour piano, violon et violoncelle, des sérénades en quatuor, des sextuors, des fantaisies, des rondeaux, un nonetto pour piano et instruments à vent, des solos de concours, des nocturnes, des préludes, des variations sur des thèmes originaux, plusieurs symphonies, deux messes et des
morceaux de musique religieuse, les préludes et fugues de J. S. Bach arrangés à quatre mains.
Il a composé des musiques vocales :
Le jaloux dupé. Opéra comique en 1 acte
No 1.
L’Ame. Mélodie
No 2.
L’Orage. Mélodie
No 3.
Ballade
No 4.
Paysage. Elégie
No 5.
Marie. Mélodie
DesÉtudes pour piano
La Gymnastique des doigts. Préparation à l’étude du piano
La Semaine du Pianiste. Études journalières de la gamme dans tous les tons majeurs et mineurs
Études pour le piano forte en 24 exercices
Exercices en doubles notes
Exercices en octaves, exercices en accord
Premières leçons doigtées et arrangées pour les petites mains
Cinquante Leçons progressives, faisant suite aux précédentes
Douze Études spéciales
Pièces diverses pour le piano
La Romanesca
Scherzo en do majeur pour piano
Storielle amorosa pour piano
Duos pour piano et violon par Bertini et Antoine Fontaine
1er livre. L’Amitié, grand Duo pour piano et violon
2e livre. Les saisons, Duo brillant pour piano, violon ou violoncelle
3e livre. Fantaisie et variations brillantes sur un air suisse pour piano et violon concertantes
4e livre. Fantaisie concertante sur Robin des Bois pour piano et violon
5e livre. L’automne. Grand duo concertant pour piano et violon
6e livre. La Conversation. Duo concertant pour piano et violon
Le 20 février 1889, lors d’une conférence devant la Société centrale du travail professionnel, Gustave Eiffel déclare :
« Pour exprimer d’une manière frappante que le monument que j’élève sera placé sous l’invocation de la Science, j’ai décidé d’inscrire en lettres d’or sur la grande frise du premier étage et à la place d’honneur, les noms des plus grands savants qui ont honoré la France depuis 1789 jusqu’à nos jours. »
Maintenant que la décision a été prise, Eiffel s’est trouvé confronté à un problème pratique : Chaque côté du premier étage est divisé en petit caisson ne pouvant contenir qu’un certain nombre de lettres.
Chaque lettre est dorée et possède une hauteur de 60 centimètres. Les noms sont très lisibles à l’œil nu. Ils ne sont pas inscrits par ordre alphabétique.
Tous les noms choisis comportent en effet 12 lettres au plus, en raison de la place limitée entre les poutrelles.
Les noms ont été recouverts de peinture au début du XX ème siècle avant d’être restaurés entre 1986 et 1987 par la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE).
Caractéristiques de la liste
On n’y trouve aucune femme. Pourtant, selon Alphonse Rebière, suivi par de nombreux autres auteurs, Sophie Germain, une des premières mathématiciennes françaises, y aurait eu sa place. Rebière fait en effet remarquer que pour concevoir la tour, les ingénieurs ont utilisé les travaux de cette théoricienne de l’élasticité, mais que le nom de cette « fille de génie » a été « oublié » parmi ceux qui y ont été inscrits.
On y trouve un grand nombre de polytechniciens (34 anciens élèves et 10 professeurs non anciens élèves), soit presque la moitié de la liste ; loin derrière, on trouve des anciens élèves des Écoles Centrales des Arts et Manufactures et des Mines.
La plupart étaient membres de l’Académie des sciences.
Les sciences du vivant ne sont représentées que par cinq noms : Barral, Bichat, Broca, Chaptal, et Cuvier.
Hormis Fizeau et Chevreul, tous étaient morts lors de l’inauguration de la tour. Chevreul était un grand enthousiaste de la tour, se déplaçant tous les jours sur le chantier pour en constater l’avancement ; il est mort une semaine après son inauguration, à l’âge de 102 ans.
Tous sont fortement liés à la France, probablement tous français au moins à un moment de leur vie.
Seul Lagrange est né à l’étranger, à Turin dans le royaume de Piémont-Sardaigne (séparé en 1861 entre la France et l’Italie). Il est néanmoins naturalisé français en 1802.
Sturm est certes né à Genève, dans l’actuelle Suisse, mais quand il est né en 1803, Genève était sous domination française depuis 1798, devenant le chef-lieu du département français du Léman sous le Consulat puis le Premier Empire. Charles Sturm avait donc la nationalité française à sa naissance. De 1813 à 1815 il a été brièvement citoyen de la République de Genève, à la suite de la Restauration genevoise et jusqu’à l’adhésion de la République de Genève à la Confédération. Il est donc devenu suisse en 1815. Finalement, il a été naturalisé français en 1833.
Beaucoup ont laissé leur nom à au moins une loi scientifique, un produit ou à un procédé.
Presque tous sont mentionnés dans un discours de Gabriel Lamé en 1851.
Il ne semble pas y avoir d’ordre particulier ni de classement ou de hiérarchie sur les différentes faces, pas même alphabétique.
On peut rapprocher cette liste de la représentation des grandes inventions françaises à la galerie des Machines, où l’on retrouve beaucoup de ces noms.
Cet hommage est parfois comparé au Panthéon, où sont enterrées les personnalités que le pouvoir souhaite honorer.
Des hommes de sciences, tels Ampère ou Gay-Lussac,
Des ingénieurs-constructeurs, tels Flachat ou Polonceau,
Des spécialistes des chemins de fer tel Perdonnet ou Clapeyron,
Des industriels tels Schneider pour l’acier ou Vicat pour le ciment,
Des entrepreneurs ou industriels tels Seguin (spécialiste des ponts suspendus), Triger (spécialiste des fondations en rivière) ou encore Cail ou Gouin (constructeurs longtemps concurrents d’Eiffel),
Des aménageurs tel Belgrand (responsable du réseau sanitaire de Paris).
Toutes les disciplines sont représentées :
Les mathématiques (Cauchy, Fourier), discipline la plus représentée avec 17 noms
La physique (Lavoisier, Fresnel, Laplace)
La mécanique (Navier, Bresse)
L’astronomie (Le Verrier)
L’agronomie (Chaptal)
L’électricité (Coulomb)
Les sciences naturelles (Cuvier)
La chimie (Lavoisier)
La minéralogie (Haüy)
La médecine (Bichat)
La photographie (Daguerre)
L’aérostation (Giffard).
Liste des savants
En opérant une promenade circulaire, à quelque distance de la Tour, le visiteur lit ces noms dans l’ordre suivant sur les quatre façades (Respectivement, face au Trocadéro, au Nord, face au Point-du-jour, à Ouest, face à l’Ecole militaire, au Sud et face à Paris, à l’Est).
Face au Pont d’Iéna et Trocadéro, coté Nord Ouest
Dans l’ordre : nom abrégé, nom complet (cliquez sur le lien pour la biographie), dates naissance et décès, métier, inventions importantes
SEGUIN : Marc Seguin, 1786-1875, mécanicien, Constructeur de ponts suspendus, inventeur de la chaudière tubulaire
TRESCA : Henri Tresca, 1814-1885, Ingénieur et mécanicien, Auteur du critère de Tresca (un critère de plasticité en résistance des matériaux)
PONCELET : Jean-Victor Poncelet, 1788-1867, Géomètre, Créateur de la géométrie projective
BRESSE : Jacques Antoine Charles Bresse, 1822-1883, Mécanicien, Création d’une méthode mathématique pour mesurer la flexion et la résistance des grandes pièces métalliques courbes. JAC Bresse est alors reconnu pour ses travaux sur la flexion des poutres et arc, domaine dans lequel il est l’un des contributeurs majeurs avec Barré de Saint-Venant. Tous deux développent leurs travaux à partir du travail d’Henri Navier. Bresse systématise le travail autour des arches et dresse un tableau de tous les cas particuliers. Il est l’auteur des équations dites « Équations de Bresse ou de Navier-Bresse ». ,Tous ses travaux ont été utilisés pour la construction des ponts, des viaducs et pour la construction de la Tour Eiffel.
LAGRANGE : Joseph-Louis Lagrange, 1736-1813, Mathématicien, Théorie de la libration de la lune (1764) ; création de la mécanique analytique (1787) ; mécanique lagrangienne ; élaboration du système métrique
BELANGER : Jean-Baptiste Charles Joseph Bélanger, 1790-1874, Mathématicien, Hydraulique et hydrodynamique, théorie de la résistance et de la flexion plane des solides
CUVIER : Baron Georges Cuvier, 1769-1832, Naturaliste, Fondateur de l’anatomie comparée et de la paléontologie
LAPLACE : Pierre-Simon de Laplace, 1749-1827, Astronome et mathématicien, Étude de la mécanique céleste (contribue à l’émergence de l’astronomie mathématique) ; théorie des probabilités
DULONG : Pierre Louis Dulong, 1785-1838, Physicien et chimiste, Lois sur le refroidissement et sur les tensions de la vapeur9 ; propriétés des gaz
CHASLES : Michel Chasles, 1793-1880, Mathématicien, Travaux originaux sur l’ellipsoïde (1825), sur le calcul intégral (1827), sur le déplacement des corps solides en mécanique (1845)8 ; théorème de Chasles
LAVOISIER : Antoine Laurent de Lavoisier, 1743-1794, Chimiste, Fondateur de la chimie moderne (« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », citation apocryphe)
AMPERE : André-Marie Ampère, 1775-1836, Mathématicien et physicien, Théorie de l’électromagnétisme (1820-1824, avec Arago),
CHEVREUL : Michel Eugène Chevreul, 1786-1889, Chimiste, Découverte de la saponification des corps gras d’origine animale et de la bougie stéarique (1823)
FLACHAT : Eugène Flachat, 1802-1873, Ingénieur, Constructeur des premières lignes ferroviaires (Paris-Rouen) et des premières gares (1845-1850) ; charpentes de grande portée (1832)
NAVIER : Claude Louis Marie Henri Navier, 1785-1835, Mathématicien, Équations de la mécanique des fluides (1820) ; lois sur la résistance des matériaux (1830) ; constructions des premiers ponts métalliques suspendus (Paris, 1827)
LEGENDRE : Adrien-Marie Legendre, 1752-1833, Mathématicien, Fondateur de la géométrie moderne (1785), dont la méthode des moindres carrés
CHAPTAL : Jean-Antoine Chaptal, 1756-1832, Agronome et chimiste, Introduction de la fabrication industrielle d’acide sulfurique (1781) ; de l’alun artificiel (1785) ; du sucrage des vins ou chaptalisation (1796) ; de la teinture du coton par le rouge d’Andrinople (1799)
Coté Pont de Bir Hakeim (Sud Ouest)
Dans l’ordre : nom abrégé, nom complet (cliquez sur le lien pour la biographie), dates naissance et décès, métier, inventions importantes
JAMIN : Jules Célestin Jamin, 1818-1886, Physicien, Études sur la constitution des aimants (1857) ; perfectionne l’éclairage et la bougie électrique (1879) ; travaux sur l’optique
GAY-LUSSAC : Joseph Louis Gay-Lussac, 1778-1850, Chimiste, Découverte du cyanogène et de l’acide prussique ; loi de dilatation des gaz ; chimie industrielle ; ascension aérostatique jusqu’à 7 016 m d’altitude (1804)
FIZEAU : Hippolyte Fizeau, 1819-1896, Physicien, Vitesse de la lumière dans l’atmosphère (1849-1856) ; transformation des plaques photographiques en planches à graver (1850)
SCHNEIDER : Eugène Ier Schneider, 1805-1875, Industriel, Fondateur de Schneider, entreprise minière et sidérurgique au Creusot
LE CHATELIER : Louis Le Chatelier, 1815-1873, Chimiste et ingénieur, Contribue à la création des premières lignes ferroviaires (1840-1852) ; utilisation de contre-vapeur pour réguler la vitesse des trains ; stabilité des machines en mouvement7 ; extraction de l’alumine
BERTHIER : Pierre Berthier, 1782-1861, Minéralogiste, Étude des « minéraux utiles », création des analyses docimastiques déterminant la proportion de métaux utilisables dans les minerais (1816)
BARRAL : Jean-Augustin Barral, 1819-1884, Agronome, chimiste et physicien, Nicotine dans le tabac (1841), azote et acide phosphorique dans les eaux pluviales (1852), propriétés azotées de la croûte de pain (1863), ascensions aérostatiques célèbres (1850)
DE DION : Comte Henri de Dion, 1828-1878, Ingénieur, Spécialisé dans la résistance des matériaux, il dirigea le conservatoire des Arts et Métiers et occupa la chaire de Stabilité des constructions à l’école centrale d’architecture. Il eut pour élève Gustave Eiffel. Il est responsable des constructions métalliques à l’Exposition universelle de Paris de 1878,
GOUIN : Ernest Goüin, 1815-1885, Ingénieur et industriel, Premiers grands ateliers de construction de locomotives ; introduit en France les ponts métalliques (1840) ; machines de filature
JOUSSELIN : Louis Didier Jousselin, 1776-1858, Ingénieur, Initie la construction des premiers grands canaux (1808)
BROCA : Paul Pierre Broca, 1824-1880, Médecin et anthropologue, Fondateur de l’anthropologie expérimentale (1861) ; découverte du « centre de la parole » dans le cerveau
BECQUEREL : Antoine Becquerel, 1788-1878, Physicien, Idée des piles à courant constant, ou batteries (1830) ; galvanomètre différentiel (1840)
CORIOLIS : Gaspard-Gustave Coriolis, 1792-1843, Ingénieur et savant, Découverte des lois d’accélération centrifuge composée ; force de Coriolis ; réformateur de l’enseignement de la mécanique rationnelle
CAIL : Jean-François Cail, 1804-1871, Industriel, Créateur de grands ateliers de construction de matériel en cuivre pour les distilleries et sucreries ; locomotives
Dans l’ordre : nom abrégé, nom complet (cliquez sur le lien pour la biographie), dates naissance et décès, métier, inventions importantes
CAUCHY : Augustin Louis Cauchy, 1789-1857, Mathématicien, Avancement du calcul intégral (1832), application du calcul infinitésimal à la géométrie, fonctions holomorphes et séries convergentes, un des fondateurs de l’astronomie mathématique
BELGRAND : Eugène Belgrand, 1810-1878, Ingénieur, Égouts et distribution d’eau potable de Paris (1854)
REGNAULT : Henri Victor Regnault, 1810-1878, Chimiste et physicien, Propriétés thermiques des gaz, inventeur de la formation du polychlorure de vinyle PVC, en 1835
FRESNEL : Augustin Jean Fresnel, 1788-1827, Physicien, Réfraction de la lumière ; lentilles des phares (1820) ; Fresnel a expliqué la nature de la polarisation de la lumière, la biréfringence et la polarisation circulaire.
DE PRONY : Baron Gaspard de Prony, 1755-1839, Ingénieur , Confection de tables de logarithmes ; création de l’École Polytechnique aux coté de Monge.
VICAT : Louis Vicat, 1786-1861, Ingénieur, En étudiant ce mécanisme de prise des chaux naturelles il découvre leurs principes d’hydraulicité. Cela permet la fabrication de la chaux hydraulique artificielle et du ciment naturel à partir de 1817. Il découvre le clinker, élément constitutif du ciment lent, et permet la fabrication artificielle du ciment Portland (« l’or gris ») à partir de 1840.
EBELMEN : Jacques-Joseph Ebelmen, 1814-1852, Chimiste, production artificielle de cristaux ou minéraux cristallisés. Il découvre en 1847 une méthode de synthèse d’une grande simplicité pour obtenir « des combinaisons cristallisées par la voie sèche », méthode qu’il applique de 1847 à 1848 à la reproduction des espèces minérales pour obtenir artificiellement plusieurs pierres précieuses aux cristaux de taille millimétrique : le spinelle, l’émeraude, le péridot, le corindon.
COULOMB : Charles-Augustin Coulomb, 1736-1806, Physicien, Découverte de lois présidant aux attractions et répulsions magnétiques (1780) ; inventeur de la balance de torsion (1784) ; flexions et poussées en architecture. Connu pour les expériences historiques qu’il a réalisées à l’aide d’une balance de torsion appelée « balance de Coulomb » pour déterminer la force qui s’exerce entre deux charges électriques (loi portant son nom).
POINSOT : Louis Poinsot, 1777-1859, Mathématicien, Mécanique rationnelle ; notion de moment. Théorie générale de l’équilibre et du mouvement des systèmes) critiquant le principe des travaux virtuels
FOUCAULT : Jean Bernard Léon Foucault, 1819-1868, Physicien, Vitesse de la lumière ; gyroscope ; pendule de Foucault, En 1851, il vérifie et rend manifeste la rotation quotidienne de la terre en utilisant la rotation libre du plan d’oscillation d’un pendule long de 67 mètres, possédant une boule pesant 28 kilos et mesurant 18 centimètres de diamètre, suspendu au Panthéon de Paris
DELAUNAY : Charles-Eugène Delaunay, 1816-1872, Astronome, Théorie des marées et du mouvement de la Lune (1849) ; géométrie différentielle ; Son travail porte notamment sur la mécanique lunaire en tant que cas particulier du problème des trois corps.
MORIN : Arthur Morin, 1795-1880, Mathématicien et physicien, Invente la manivelle dynamométrique (mesure de la force des moteurs animés) ; et un appareil à indications continues pour étudier la loi de la chute des corps pesants (1843-1848) ; rendement et efficacité des machines.
HAUY : René Just Haüy, 1743-1822, Minéralogiste, Fondateur de la minéralogie expérimentale ; fondateur de la cristallographie, structure des cristaux (1796)
COMBES : Charles Combes, 1801-1872, Ingénieur et métallurgiste, Application de la thermodynamique aux machines. Recherches théoriques et expérimentales sur les roues à réaction ou à tuyaux, 1843
THENARD : Louis Jacques Thénard, 1777-1857, Chimiste, Eau oxygénée ; le « bleu de Thénard » (le bleu de cobalt), qui sert à colorer la porcelaine. blanc de céruse ; En 1811, il isole le silicium. Il découvre l’eau oxygénée en 1818, ainsi que le bore, et établit une classification des métaux. En 1813, il publie son célèbre Traité de chimie.
ARAGO : Dominique François Jean Arago, 1786-1853, Astronome et physicien, Découverte de l’électromagnétisme (1820-1824, avec Ampère). Indice de réfraction des gaz ; constance de la vitesse de la lumière. D’abord adepte de la théorie corpusculaire de la lumière, est convaincu par la théorie ondulatoire de son collègue Fresnel, qu’il aide pour faire ses expériences à l’Observatoire ou présenter ses résultats à l’Académie des sciences.
POISSON : Siméon Denis Poisson, 1781-1840, mathématicien, géomètre et physicien, Électricité et magnétisme ; attraction des planètes.
MONGE : Gaspard Monge, 1746-1818, Mathématicien, Renouvelle la géométrie, dont géométrie descriptive, interprétation du phénomène physique du mirage (1798).
Coté Musée du Quai Branly, (Nord Est)
Dans l’ordre : nom abrégé, nom complet (cliquez sur le lien pour la biographie), dates naissance et décès, métier, inventions importantes
PETIET : Jules Alexandre Petiet, 1813-1871, Ingénieur, Contribue à la création des premières lignes ferroviaires. Elève de la première promotion, et plus tard directeur, de l’école centrale Paris après avoir été directeur de la compagnie des chemins de fer du Nord.
DAGUERRE : Louis Jacques Mandé Daguerre, 1787-1851, Photographe et physicien, après le décès de Nicéphore Niépce, l’inventeur de la photographie, appelée alors « procédé héliographique », Daguerre décide de poursuivre les recherches sur les propriétés photochimiques de l’iode. De 1835 à 1837, il va progresser sur les méthodes de développement et de fixation des images, en découvrant que la vapeur de mercure agit comme révélateur de l’image. Avec le principe du développement de l’image latente, Daguerre apporte une contribution majeure en trouvant le procédé qui a pour conséquence pratique de raccourcir le temps de pose, jusqu’alors très long (plusieurs heures), à quelques dizaines de minutes seulement. En 1837, il parvient à fixer ces images avec de l’eau chaude saturée de sel marin. Le daguerréotype est né, sans que le nom de Niépce y soit associé.
WURTZ : Charles Adolphe Wurtz, 1817-1884, Chimiste, Disposition des atomes dans les composés organiques.
LE VERRIER : Urbain Jean Joseph Le Verrier, 1811-1877, Astronome, Découverte « mathématique » de Neptune (1846). Mémoire sur les variations séculaires des orbites des planètes (notamment d’Uranus)
PERDONNET : Jean Albert Vincent Auguste Perdonnet, Ingénieur, Contribue à la création des premières lignes ferroviaires (1832) ; crée le cours des chemins à l’École centrale des arts et manufactures de Paris (1844)
DELAMBRE : Jean-Baptiste Joseph Delambre, 1749-1822, Astronome, Première détermination de la longueur d’arc du méridien terrestre (1794, avec Borda et Méchain). La définition originelle du mètre est en effet la dix millionième partie de la longueur d’un méridien entre l’équateur et le pôle. Histoire de l’astronomie (1820)
MALUS : Étienne Louis Malus, 1775-1812, Ingénieur, physicien et mathématicien, Découverte de la polarisation de la lumière
BREGUET : Louis Breguet, 1804-1883, Physicien, Construction des premiers appareils de télégraphie électrique (1842), bobine d’induction
POLONCEAU : Camille Polonceau, 1813-1859, Ingénieur, inventeur de la « ferme Polonceau », une technique de charpente. L’intérêt de ce type de ferme est sa grande légèreté, l’économie de matière et la hauteur libre dessous plus importante au centre que sur les bords.
DUMAS : Jean Baptiste André Dumas, 1800-1884, Chimiste, homme politique et académicien, a mis en évidence, en 1824, en collaboration avec le médecin suisse Jean-Louis Prevost, le rôle fécondant des spermatozoïdes. Il formula les principes fondamentaux de la chimie générale, mesura de nombreuses densités de vapeur, détermina de façon précise la composition de l’air, de l’eau et du dioxyde de carbone (anciennement gaz carbonique). Lois des substitutions chimiques (1832), en démontrant la possibilité de substituer l’hydrogène par du chlore dans les composés organiques.
CLAPEYRON : Émile Clapeyron, 1799-1864, Ingénieur et physicien, dans son Mémoire sur la puissance motrice de la chaleur (1834) attire l’attention sur le travail de Sadi Carnot, mort deux ans auparavant, le développe et le présente sous une forme plus accessible (c’est le diagramme de Clapeyron) ; il fait valoir la nouveauté et l’importance de ce travail, même si Carnot avait travaillé dans les termes de la théorie du calorique, déjà en train de passer de mode. Finalement, il développe l’idée de processus réversible, suggérée par Carnot, et donne en 1843 un énoncé que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de deuxième loi de la thermodynamique.
BORDA : Jean-Charles de Borda, 1733-1799, Mathématicien, physicien, politologue et marin, Première détermination de la longueur d’arc du méridien terrestre (1794, avec Delambre et Méchain) ; thermomètre métallique (1796)6 ; mesure de longueur des pendules
FOURIER : Jean Baptiste Joseph Fourier, 1768-1830, Mathématicien et physicien, détermine par le calcul, la diffusion de la chaleur en utilisant la décomposition d’une fonction quelconque en une série trigonométrique convergente. De telles fonctions sont appelées séries de Fourier. La méthode de calcul permettant de passer, de façon réversible, d’une fonction à la série trigonométrique correspondante est la transformation de Fourier. Cette méthode très féconde est devenue incontournable en mécanique quantique ou en théorie du signal, avec des applications majeures pour le traitement et la compression du son et de l’image numérique. La compression d’image JPEG, ou les normes de téléphonie 3G et 4G en découlent directement.
BICHAT : Marie François Xavier Bichat, 1771-1802, Anatomiste et physiologiste, Rénovateur de l’anatomie pathologique, il étudie, à travers l’autopsie et l’expérimentation physiologique, le rôle des tissus comme unités anatomiques fondamentales pour l’explication des propriétés physiologiques et des modifications pathologiques de l’organisme.
SAUVAGE : Frédéric Sauvage, 1786-1857, Mécanicien, il démontre lors d’une expérience publique que la propulsion par hélice est trois fois plus rapide que celle par roues à aubes.
PELOUZE : Théophile-Jules Pelouze, 1807-1867, Chimiste, Première préparation du coton-poudre (1835) ; modèle de fabrication industrielle de la soude artificielle (1840) ; cours et traités de chimie générale
CARNOT : Lazare Nicolas Marguerite Carnot, 1753-1823, Mathématicien, Créateur du théorème d’analyse et de mécanique sur la perte de force des machines, ou loi de conservation du travail (1783) ; un des fondateurs de la géométrie moderne (Géométrie de position)
LAME : Gabriel Lamé, 1795-1870, Mathématicien, Développement de la théorie des équations aux dérivées partielles par l’emploi des coordonnées curvilignes (coefficients de Lamé) ; théorie mathématique de l’élasticité ; stabilité des voûtes (1822), engrenages (1824), ponts métalliques ; contribue à la création des premières lignes ferroviaires
Conclusions
Il est normal qu’Eiffel ait fait mettre que des noms de savants Français, car c’est une sorte de Panthéon des savants, ingénieurs, entrepreneurs.
Il est dommage qu’Eiffel n’ait pas mentionné des femmes sur la tour, surtout qu’une mathématicienne françaises, comme Sophie Germain y aurait eu sa place. En effet, Rebière a fait remarquer que pour concevoir la tour, les ingénieurs ont utilisé les travaux de cette théoricienne de l’élasticité.
Il y a eu d’autres mathématiciennes et physiciennes françaises, comme Émilie du Châtelet, (1706-1749)
Eiffel a peut-être choisi la solution de facilité, en utilisant :
Ceux qui sont mentionnés dans un discours de Gabriel Lamé en 1851
Ceux des grandes inventions françaises à la galerie des Machines, en 1889
Il est bien que toutes les disciplines scientifiques soient représentées ainsi que des ingénieurs-constructeurs, des spécialistes des chemins de fer, des entrepreneurs ou industriels.
Ceci veut dire qu’à l’époque, les Français étaient présents et en avance pour les disciplines scientifiques :
Les mathématiques (Cauchy, Fourier), discipline la plus représentée avec 17 noms
La physique (Lavoisier, Fresnel, Laplace)
La mécanique (Navier, Bresse)
L’astronomie (Le Verrier)
L’agronomie (Chaptal)
L’électricité (Coulomb)
Les sciences naturelles (Cuvier)
La chimie (Lavoisier)
La minéralogie (Haüy)
La médecine (Bichat)
La photographie (Daguerre)
L’aérostation (Giffard).
A l’époque, les prix qui récompensent le meilleur mondial de l’année, n’étaient pas créés, comme
Le prix Nobel en 1901 (physique, chimie, physiologie)
Mon père Paul BRESSE 26 février 1891–19 juillet 1973
Par Corinne MOLLIET-BRESSE sa fille cadette,
Amitiés:
Paul était une personne très sociable, aimant découvrir des personnalités nouvelles, toujours avenant, cherchant à communiquer malgré tout… Je me souviens de certains de ses amis qui comptaient beaucoup pour lui.
Paul s’est lié d’amitié avec deux Rémy; il n’a pas connu et croisé un troisième Rémy, Rémy Molliet, mon fils né en 1981…
Il avait un cousin et ami fidèle en la personne de Rémy BUISSON (1892-1971) dont le père, Charles Buisson, était un cousin d’Emma Bertini. Ce qui fait que Paul et Rémy étaient petits cousins. Rémy avait un chalet à Saint-Nicolas-de-Véroce en Haute Savoie où nous retrouvions sa famille en été.
J’ai dans la tête un nom : Rémy Boulet. Il aurait été un voisin de la rue Blomet. Peut-être un musicien, peut-être un pianiste, mais je n’en suis pas sûre, mes souvenirs d’enfant sont très imprécis.
Charles LACOMBE (1885- 1965) était le fils de Louise BRESSE, sœur de Francis, père de Paul. Paul et Charles étaient donc des cousins germains. Il a été notaire, juge de paix et maire d’Artas de 1919 à 1935.
Durant sa jeunesse, Paul a eu un ami très cher, le peintre Pierre CHARBONNIER. Il était né à Vienne en 1897. C’était un peintre, un réalisateur et un décorateur. Il a conçu les décors de la plupart des films de Robert Bresson : « Journal d’un Curé de Campagne » entre autres. Dans ces toiles, le thème de l’eau revient souvent. Le Centre Pompidou possède la « Nature morte aux jarres », et d’autres musées étrangers abritent également ses toiles.
Comme nous l’avons vu précédemment, Pierre CHARBONNIER a été le collaborateur de Jean AURENCHE pour la réalisation de son film « Royaume et Empire du Rhône » en 1927.
Jacques Prévert lui a consacré un poème dont je cite quelques vers :
Paysage (….) Le pinceau comme une rame a caressé les eaux Et les eaux se reforment derrière le pinceau (…) Toiles de Charbonnier Ardents et calmes paysages Couleur de sang secret Couleur de chair et d’eau De joie de vivre séquestrée Et de rêves volés aux enfants
Toiles de Charbonnier Où jamais ne transparaît en filigrane en faux trompe-l’œil Ou en véritable trompe- peinture L’écriteau des néo-précurseurs : Prenez garde à la nature.
Les deux amis restaient en lien, partageant leurs projets, leurs succès s’entraidaient.
Pierre Charbonnier lui écrit en 1957 : « Je dessine en ce moment en vue de faire un album sur le Rhône avec un poème de René Char, et j’ai besoin de photos de sa source, de la sortie du Rhône à Genève et des cartes postales seraient de très bons documents. »
Il a eu un autre grand ami qui a beaucoup compté pour lui, François de Chauvigny qui l’a appelé pour participer à la restauration de son château dans le Loir et Cher. J’ai mentionné précédemment son travail d’architecte dans le paragraphe sur les commandes qu’il a reçues pour la rénovation de quatre châteaux dont celui de Chauvigny. Une amitié profonde est née entre eux deux, une correspondance et des rencontres ont suivi. Lorsque nous étions enfants, nous avons même fait un séjour en famille dans son château. Nous l’avons revu après le décès de Paul et il nous a promenés dans sa Renault Frégate à travers les rues de Vienne !
Passions :
Paul avait beaucoup d’intérêts, se passionnait pour ce qui lui tenait à cœur et cultivait ses activités avec patience. Il se tenait très informé de l’actualité, la politique, les affaires de la France, les découvertes scientifiques, et de bien d’autres sujets.
Il a consacré beaucoup de temps à la généalogie : s’attachant aux familles BRESSE et ODIER, il a constitué des arbres généalogiques de ces deux familles. Il obtenait des renseignements par courrier, demandant à consulter les registres des communes, les actes d’état civil et autres documents accessibles. Il se passionnait pour ses lointains ancêtres remontant même jusqu’au XVI ème siècle. Il a complété un grand arbre généalogique partant d’Etienne BRESSE (1732-1777), notaire à Villeneuve de Marc; et qui a épousé Louise FONTANEL en 1758. L’arbre comprend toute sa descendance jusqu’à notre génération. Cet arbre aurait été établi par le Général Pierre BRESSE (1891-1941) qui cite également en en-tête certains aïeux d’Etienne BRESSE, citant Pierre Ibert BRESSE, né en 1540. Paul a écrit cette annotation sur le document lui-même: « Ces renseignements ont été recherchés par le Général Pierre Bresse quand il était à Grenoble et transmis par lui. » On remarque que d’autres membres de la famille se sont intéressés avant lui à la généalogie BRESSE, et que notre cousin Jean-François BRESSE a pris le relais avec beaucoup de précision et de minutie.
Paul s’est aussi attaché à retranscrire des plus petits fragments d’arbre généalogique : concernant Pierre BRESSI (1665-1689), marchand à Artas, ou aussi André BRAISSI son frère (1660-1715) et leur descendance.
(Pour voir en grand, vous pouvez cliquer sur l’image )
Paul mentionne en en-tête du document : « Pierre Bressi ou Bresse, marchand à Artas. Apparaît pour la première fois à Artas en 1668 au baptême de son fils Claude. En tenant compte toutefois de la date de naissance de son enfant Claude (1668) qui pourrait être l’aîné de la famille et de la date sa mort à lui, Pierre Braissi en 1669, on peut placer en 1635 ou 1640 la date de sa naissance. »
Il mentionne uniquement la naissance des cinq enfants de Pierre Braissi : André 1660, Jean 1663, Pierre 1665, Claude 1668 et Marie-Marguerite 1669.
Pour plus de détails sur l’origine de la famille BRESSE, qui viennent de la province de la BRESSE, pour s’installer dans un village d’Artas, situé à environ 4 kms de Saint Jean de Bournay (Isère), vous pouvez consulter l’article précédent : L’origine de la famille BRESSE
En 1938, il reprend, complète et met à jour et dessine de sa main un arbre généalogique qui part de Louis TEYNARD vers 1750, et retrouve ainsi des ancêtres des BRESSE. Il rédige ces annotations en haut de l’arbre:
« Famille Teynard avec les branches Bernard et Buisson. De Louis Teynard et Catherine Cottin vers 1750, d’après le Commandant Paul Buisson en 1907, par Henri Bresse 1907. Mis à jour et complété par Paul Bresse en 1938. »
Sa grande œuvre représente un arbre généalogique qui mentionne un grand nombre de membres de la famille. Paul y fait figurer ses trois enfants Antoine, Anne et Corinne ainsi que ses neveux et cite nos aïeux du XVIII ème siècle, puis remonte même jusqu’à une branche de la famille du XVI ème siècle.
Il s’est aussi attaché à la famille de son épouse Ninette : ODIER par son père Charles ODIER, MEYER par sa mère Renata MEYER. Il a établi et dessiné un magnifique arbre retraçant la famille MEYER de 1351 (Johann Meyer, Bâle) à Yvan (1941). Hortense Célestine MEYER (1870-1941) était la grand-mère de son épouse Ninette. C’est un arbre, généalogique sûrement, mais un arbre grandiose avec un tronc imposant qui porte l’écusson de Hans MEYER (1580-1639), originaire d’Endingen en Suisse. Hans est situé à la base du tronc, puis les branches de l’arbre se déploient portant des petits écussons ourlés, le talent de dessinateur de Paul se révèle.
Il aimait retrouver les plus lointains ancêtres, remontant encore une fois jusqu’au XVI ème siècle ! En établissant l’arbre généalogique des ODIER, il arrive même jusqu’à un personnage fort lointain qui portait le nom d’ODIER: Antoine ODIER (1698-1745).
On peut dire que sa plus grande passion a été la photographie. Compensant probablement sa surdité, Paul était très visuel, développant sa vision de l’univers qui l’entourait, aiguisant son regard sur toute chose.
Déjà, dans les années 1910, il prenait des photos avec une chambre noire sur des plaques de verre. Il photographiait la famille, les amis. Il devait tirer ces photos lui-même d’après les plaques : leur développement ne nécessite que des produits chimiques : révélateur et fixateur. Nul besoin d’un agrandisseur, puisque le négatif est au format de la photo.
Plus tard, Michel, mon mari a refait des tirages de ces plaques. Il s’est adonné lui-même à la photo, comme un deuxième métier, avec des photos de spectacle, des illustrations de livres sur la frontière, des expositions. Mon cousin, Jean-François m’a dit que c’est Paul qui l’avait initié à la photographie lors de ses passages à St Marcel. Sa fille Laetitia a voulu aussi cultiver cet art qu’elle a étudié à l’Ecole Nationale de la Photographie. Espérons que cette passion transmise perdurera dans la famille…
Quand nous habitions Gaillard en Haute-Savoie, il partait en balade sur les bords de l’Arve et photographiait des chemins, des arbres, des flaques d’eau, des paysages de neige. Cela donnait des photos en noir et blanc contrastées et mélancoliques.
Il aimait aussi beaucoup photographier les feux d’artifice de Genève qui avaient lieu tous les étés dans la rade. En aucun cas nous ne les aurions manqués même s’il fallait faire la queue pour avoir des billets. Nous avons conservé longtemps ces diapositives de bouquets de feux d’artifice, explosions de couleurs.
Malheureusement le temps n’a pas permis de les garder indéfiniment, les composants chimiques s’altérant, détruisant l’image.
Quand il a disparu il a laissé six appareils photo : deux Rolleiflex, deux Focaflex, dernière marque photographique française, et aussi un reflex Canon avec plusieurs objectifs interchangeables.
Il avait aussi fait l’acquisition d’un petit appareil automatique qui faisait des photos demi-format, le Canon Dial 35. Mon mari, Michel, s’est découvert aussi une passion pour la photographie en utilisant les appareils de Paul…
Et puis il y avait aussi son amour des chats. Nous en avons toujours eu à la maison dès que nous avons quitté l’appartement de la rue Blomet à Paris. Paul voulait toujours les rentrer à l’intérieur de la maison et j’entends encore Ninette lui répéter : « Mais Paum, les chats n’ont pas froid dehors! ». Leurs trois enfants cultivent aussi cet attachement pour les chats !
Paul aimait la nature, connaissait les espèces de plantes, de fleurs, d’arbres. Il avait la main verte et son bureau était rempli de bouture de toutes sortes.
Il était de son temps, très documenté sur l’actualité, les arts, la politique. Il portait une vénération sincère à Charles de Gaulle depuis la guerre. Je me souviens qu’en faisant les courses, on s’arrêtait au bureau de tabac-journaux pour acheter le Monde et le Figaro, et l’Aurore, journal aujourd’hui disparu. La Tribune de Genève, était plutôt pour Ninette toujours très attachée à cette ville ! Paris Match, Sciences et Vie comptaient aussi parmi ses lectures, ainsi que d’autres revues. Il suivait toute l’actualité.
Quelques uns de mes souvenirsen guise de conclusion :
« S’il te plait, dessine-moi un… violon. ». Parfois je m’approchais de lui, penché sur sa planche à dessin et je lui demandais de me faire un dessin… Dessiner quoi ? Un objet, un personnage. Il le faisait volontiers avec tendresse pour sa petite dernière, et je suivais la mine du crayon qui, en petits traits tarabiscotés, faisait apparaître mon souhait. Il illustrait toujours de petits dessins les cartes postales écrites depuis Paris, lors de ses nombreux séjours.
Le dessin était toujours tout petit, mais très détaillé et précis, comme les personnages et les arbres qui illustraient ses plans pour les rendre plus réalistes. Les plans en 3D facilitent maintenant le travail des architectes qui peuvent aisément y rajouter personnages et végétation. Mon frère aîné Antoine se souvient des ribambelles de dessins que Paul collait sur le mur de l’appartement à Paris.
A ma demande, il façonnait à table de petits animaux en mie de pain quand nous étions à table. Le pain était blanc et sa mie pétrie avec une goutte d’eau était aussi malléable que de l’argile…
J’étais fascinée par son habileté et je voyais la petite bête prendre forme sous ses doigts. Je la conservais longtemps…
Le calque était pour nous un papier très particulier, spécial : une matière grise, cassante, transparente et opaque à la fois. On ne dessinait pas dessus, on n’y écrivait pas non plus… Pourtant j’en récupérais les chutes des plans. Je me souviens avoir fabriquer des « diapos ». Paul m’avait donné les cadres en carton de ses diapos qu’il mettait dans des cadres de plastique, plus rigides et pouvant passer dans la visionneuse ou un projecteur. Dessinant des petits motifs sur calque, et les collant dans ces cadres en carton, j’avais créé mes propres diapos ! Un autre souvenir m’est présent à l’esprit. La maîtresse d’école nous avait demandé d’apporter du papier transparent, celui qui était à l’intérieur de l’emballage des plaques de chocolat à l’époque ! J’avais apporté, moi, un morceau de papier calque, créant l’étonnement de toute la classe !
Donc Paul dessinait sur papier calque avant de pouvoir « tirer les plans » sur papier ordinaire.
Je pense que le calque transparent était nécessaire pour retranscrire des morceaux de plans déjà effectués, des parties à reporter. Cela me fait penser aux dessinateurs de BD ou de dessins animés. Avant les applications possibles en informatique d’aujourd’hui !
Anne me racontait qu’elle était la préposée au collage des calques sur la planche à dessin. Il n’y avait à l’époque, ni scotch, ni papier adhésif de carrossier ou tapissier…. Paul se servait de rouleaux de papier beige, sorte de papier kraft qu’il fallait coller. Il utilisait une toute petite casserole qu’il mettait sur le feu de la cuisinière pour fabriquer de la colle blanche avec de l’eau et de la farine, ou peut-être de la farine de poisson… Cela ne réjouissait pas Ninette de le voir œuvrer devant le fourneau de la cuisine !
Paul était un spécialiste des crayons en tout genre. Il utilisait des crayons et porte mines graphite pour son travail. A la gare Cornavin de Genève, quand nous allions le chercher à son retour de Paris, nous restions de longs moments ébahis devant la vitrine de Caran d’Ache avec ses petits hérissons animés ! La plus grande boîte de crayons de couleur en comportait 30 ! J’ai eu le plaisir d’en recevoir une quand j’étais enfant…
Il avait ramené de Paris un cadeau pour Antoine : le premier Bic, stylo bille rétractable. Il avait aussi rapporté à la maison le premier stylo feutre à l’odeur entêtante et même un jour un tout nouveau fromage : le « Caprice des Dieux ! » à la saveur alléchante !
La fumée de sa pipe l’auréolait toujours, l’odeur de son tabac parfumé au miel l’imprégnait. Il faisait des ronds de fumée qui nous enchantaient…
Par Corinne MOLLIET-BRESSE sa fille cadette, Mai 2021
Pour relater la carrière de mon père Paul BRESSE, je me suis basée sur le Curriculum Vitae qu’il a rédigé, les plans et photos de ses réalisations que je possède, et aussi sur les articles parus dans la presse.
Vers l’âge de 30 ans, Paul est en possession de son diplôme d’architecte-archéologue-urbaniste.
Dans son CV, il mentionne lui-même les différentes collaborations de sa carrière :
« Avec M. Jules FORMIGE, Inspecteur Général des Monuments Historiques, Président de l’académie des Beaux Arts et Président de l’Institut.
Avec M. le Chanoine Ulysse CHEVALIER, Paléontologue et Membre de l’Institut.
Avec M. ROUX-SPITZ, Architecte en Chef du Gouvernement, 1er Grand Prix de Rome.
Avec M. L. ARRETCHE, Architecte en Chef du Gouvernement.
Avec les Architectes : BARNIAUD, TEZENAS du MONTCEL, VAUGEOIS, le SAUTER de PARIS, NOVARINA de Thonon. »
Année 1924 :
Il réalise les plans de la maison du garde de la propriété du rendez-vous de chasse du Comte de KERGOLAY à Estées dans la Somme.
De 1923 à 1930, il travaille sur un autre bien de la famille de KERGOLAY : le Château de Septème.
Une restauration importante lui a été confiée : celle du Château de Septème dans l’Isère appartenant à Thibault de Kergolay (1879-1952).
Je n’ai pas retrouvé de plans de Paul concernant ce château, mais un certain nombre de photos sur la restauration intérieure, notamment la grande salle d’apparat avec ses peintures murales, ses moulures, les encadrements de fenêtre. Il s’agit d’un grand château fort du XI ème siècle, dont la construction progressive s’étale sur 800 ans. Le XIII ème siècle a vu l’édification des remparts. Une tour carrée de 40m sur 40m possède des murs de 4m d’épaisseur !
Son parc, ses dépendances et le château ont été classés au titre des Monuments Historiques en 1947. Pourquoi le nom de Septème ? Septième plutôt ! Un camp militaire romain fut construit le long de la voie romaine reliant Vienne à Milan au niveau de la 7e borne (au 7e mille). Le château fort a été bâti sur cet emplacement, à 30 km au sud de Lyon. Paul travaille à restaurer la grande salle d’apparat, le grand salon : les fresques sur les poutres datent du XVI ème siècle; les décors peints autour des fenêtres à meneaux sont refaites, les moulures également. Aujourd’hui, le château est toujours habité par la famille De Kergolay qui l’a ouvert aux visiteurs.
Paul très intéressé par l’histoire de ce château, a écrit un texte sur « La Seigneurie de Septème » qui est archivé à la Médiathèque » Le Trente » de Vienne, responsable des fonds patrimoniaux.
Le Comte de Kergolay lui écrit en décembre 1950 une lettre amicale et y joint l’attestation suivante :
« Monsieur Paul Bresse, architecte à Vienne, a dirigé les travaux de restauration intérieure du Château de Septème de 1923 à 1930 où sa science archéologique m’a rendu de précieux services. »
Année 1925 :
A Vienne, il agrandit le restaurant de Fernand POINT (1897-1955), un très cher ami : établissement appelé « La Pyramide », car situé tout près d’une obélisque qui ornait autrefois la spina du cirque romain de Vienne. Cet hôtel-restaurant de grande réputation, hôtel de prestige et table gastronomique « La Pyramide » est situé de nos jours : 14 boulevard Fernand Point, un nom de rue qui lui ayant été consacré.
La plaque du nom de rue représente le blason de sa ville natale, Louhans en Bresse. Fernand Point a tenu cet établissement de 1925 à 1955. En 1933, il est le premier chef cuisinier à recevoir trois étoiles au Guide Michelin. Il a formé des cuisiniers français illustres : Paul Bocuse, François Bise et les Frères Troisgros (qui ne sont en fait que deux !). Pendant la guerre, il a préféré fermer son établissement, plutôt que servir l’Etat Major nazi qui voulait diriger son restaurant et s’installer à sa table…
Année 1926 :
Dès cette année-là, il va se voir confier plusieurs travaux dans la ville de Vienne.
Il réalise la décoration de la salle de la Montée des Epies.
Le 13 avril 1926, Le Nouveau Journal de Lyon publie ces lignes: «… décoration riche et sobre à la fois, où on sent la main d’un artiste de goût très sûr et affranchi des formules surannées. »
Il restaure l’Hôtel du Nord. Il enlève les volets, mais rajoute un balcon en fer forgé au-dessus de l’entrée et de petites corniches sous les fenêtres. Des bas-reliefs de têtes sculptées prennent place sur la façade au-dessus du rez-de-chaussée. Cette façade devient plus moderne, dépouillée, proche du style Art Déco de l’époque. Sa signature est gravée dans une pierre de la façade : « PAVL BRESSE ARCH. 1926 ».
Cette année également le Journal de Vienne relève deux nouvelles nominations :
« Paul Bresse vient d’être nommé délégué du Comité du Groupement des Artistes-Décorateurs Lyonnais (sous-section de la Société du Louvre, pavillon de Marsan). »
« Il a été élu membre du Conseil d’Administration du Syndicat des architectes du Sud-Est (comprenant 18 départements). »
Année 1927 :
Il dessine un monument aux morts de la guerre de 14-18 de la paroisse de Saint-André-le Haut. Il a été placé dans l’église en face de la chaire. « Les noms glorieux sont inscrits sur lemonument commémoratif, au dessous de la croix qui semble les couvrir de ses bras protecteurs, Monsieur le Curé explique que ce monument est dû à l’heureuse inspiration de Monsieur Paul Bresse. » : texte paru dans le journal Le Moniteur Viennois.
Et enfin, toujours à Vienne, Il réalise aussi cette année-là la cité HBM du Bayet.
Cinéma : 1927
Durant cette même année, Paul participe à une œuvre bien éloignée de l’architecture et de l’archéologie, l’œuvre d’un cinéaste ! « Royaume et Empire du Rhône», documentaire de Jean AURENCHE (1903 Pierrelatte-1992 Bandol), film réalisé en 1927.
En 1933, Jean AURENCHE réalisera un autre film : « Pirates du Rhône », toujours très attaché à ce fleuve.
Par la suite, Jean Aurenche est devenu un scénariste et un dialoguiste de films. Il a été l’auteur de presque 80 films de réalisateurs célèbres : Marcel Carné sur Hôtel du Nord en 1938, Claude Autant-Lara, René Clément, et surtout ceux de Bertrand Tavernier, disparu récemment : « L’Horloger de St Paul, Que la fête commence, Le juge et l’assassin, Coup de torchon, Un dimanche à la Campagne. »
Jean AURENCHE a pris comme assistants pour ce film sur le Rhône, Pierre CHARBONNIER, peintre reconnu et Paul BRESSE est un très bon ami de Pierre CHARBONNIER. Le peintre Max ERNST, son beau-frère, est également présent…
Voilà donc ces quatre amis, embarqués sur un canot à moteur sur le Rhône. Il s’agit de suivre tout le fleuve de sa source au Mont Saint Gothard à son embouchure à Saint Louis.
Dès le mois de juillet 1927, la presse en parle : Petit Dauphinois, Excelsior, l’Intransigeant, Comoedia.
« Un jeune Ardéchois consacre au cinéma son activité intelligente et son esprit ouvert à toutes les nouveautés, M. Jean Aurenche, fils de notre excellent confrère, M. Louis Aurenche » : Nouveau Journal de Lyon, 02 juillet 1927.
« Dans une barque, les trois réalisateurs de ce film merveilleux suivront toute la vallée du Rhône. » : Nouvelliste de Lyon, 7 août 1927.
Le 15 août, l’Argus de la Presse donne des précisions : « Vues prises en avion, vues terrestresprises de l’avant d’un bateau, et aussi prises par un appareil automatique accroché à un cerf-volant. » Ancêtre du drone …
Le petit Dauphinois du 09.08 nous décrit déjà le film :
« Le scénario se déroulera en offrant aux yeux des spectateurs qui connaîtront ainsi mieux leur petite patrie, les pilles du Rhône (plies de ponts, bacs à traille, câbles, etc.), les pierres du Rhône (rochers, barrages, quais, châteaux, villages et villes, monuments antiques et modernes, les roues du Rhône (usines, industries, vapeurs), les bois du Rhône (forêts, arbres, bateaux, vignobles etc.) et enfin les hommes du Rhône (touristes, voyageurs, mariniers, jouteurs, boulistes). »
Le film a été terminé en août 1927.
Année 1928 :
Paul crée les plans d’une importante salle de spectacle et de cinéma à Vienne : la SalleBerlioz.
La créativité et le talent qui excellent dans ce travail seront unanimement reconnus. C’est une salle située 13 cours Wilson, pouvant accueillir 600 personnes. Les articles de presse sont élogieux :
Durant le mois de décembre 1928, paraissent plusieurs communiqués :
« Il faut rendre hommage à l’élégance de la salle. »: Le Progrès de Lyon 07.12.1928
« C’est une merveille de réalisation d’architecture moderne (….) On y accède par un hall élégant et sobre qui se prêtera ultérieurement à une judicieuse exposition d’art. » (…) L’éclairage à combinaisons multiples, enfermé dans des colonnes de verre dépoli qui le tamisent et lui donnent une grande douceur, est du plus bel effet. »: Nouvelliste de Lyon 07.12.1928
« La salle est très coquette, très bien aménagée ; nous avons remarqué des jeux de lumière vraiment merveilleux. » : Petit Dauphinois 08.12. 1928
« Paul Bresse a conçu plan et ornementation : excellente acoustique et un ensemble d’un goût parfait. »
Plus tard, les appréciations restent toujours excellentes : « Paul Bresse est un architecte quipossède un goût très moderne et excellent, comme il n’en est pas à Lyon, d’une extrême sobriété. »
Même le chef d’orchestre Gaston Millet, directeur de l’Harmonie du Rhône et membre du jury du Conservatoire de Lyon, lui envoie une lettre de félicitation : « Le Théâtre Berliozprésente les qualités les plus avérées d’une acoustique absolument parfaite. »
Comment Paul a-t-il pu concevoir et tester l’acoustique de la salle ? S’est-il entouré de collaborateurs à l’oreille absolue, ou a-t-il simplement réussi par des calculs mathématiques à concevoir l’acoustique de cette salle ? Ces calculs devaient porter sur la hauteur du plafond, les matériaux utilisés, la place de la scène etc. Personne ne le relève. Mais quelle victoire, quelle reconnaissance pour lui !
Année 1929 :
Vienne toujours ! Il est chargé de faire des études préliminaires en accord avec la Mairie et de réaliser « Un plan d’extension et d’embellissement de la ville de Vienne », comme le note Maurice FAURE, président à l’époque des Amis de Vienne.
Années d’avant guerre :
De 1935 à 1939, Paul collabore avec l’architecte renommé Michel Roux-Spitz qui a reçu Grand Prix de Rome en 1920 et qui est Architecte en Chef du Gouvernement.
Il travaille sur la Bibliothèque Nationale de Paris, puis en 1937 sur les chantiers de l’Exposition Internationale de Paris comme dessinateur-calepiniste. Il est engagé par le Ministère de la Défense Nationale et de la Guerre, au Service Géographique.
Installé à Paris, il habite au 43 de la rue de l’Abbé-Grégoire.
Guerre de 39-45 :
Parallèlement à son activité de résistant, Paul travaille sur de multiples projets de transformations, restaurations d’édifices.
Château d’Ampuis
Durant la guerre, il travaille sur la restauration du Château d’Arenc à Ampuis (Isère), magnifique bâtisse du XVI ème siècle au bord du Rhône, à 6 km en aval de Vienne.
Ancienne maison forte du XII ème siècle, embellie en château d’agrément à la Renaissance, il a accueillit au fil des siècles plusieurs rois de France. Situé à une lieue de la cité antique de Vienne, le Château d’Ampuis jouit d’une situation exceptionnelle, blotti entre le Rhône et le vignoble ancestral de Còte-Rotie , à 6 km au sud de Vienne.
Quelques précisions sur ses différents propriétaires : après l’origine de sa construction datant du XII ème siécle, puis sa première rénovation par Pierre Ampuis au début du XIV ème iècle, c’est la famille de MAUGRON qui occupa le Château d’Ampuis de 1512 à 1755 et lui donna ses lettres de noblesse. Ce sont ensuite les famille HARENC de la CONDAMINE, puis CIBEINS qui lui permirent d’aborder lâube du XX ème siècle dans un état de conservation satisfaisant.
Malheureusement, au cours du XX ème siècle, cette belle bâtisse fut sérieusement négligée et ne reçut pas l’attention nécessaire à sa bonne conservation.
Ce Château appartient à l’époque à Monsieur Jack VIAL. Acquis par la famille GUIGAL en 1995, le Château d’Ampuis a fait l’objet, dès son rachat, d’une inscription a l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
La famille GUIGAL est propriétaire des vignobles. Le domaine a toujours produit de grands crus dont le Côte- Rôtie, le plus ancien vin nommé de France cité déjà par Pline et Plutarque au premier siècle! Je retranscris quelques lignes des ces deux auteurs:
« On vient de découvrir une vigne dont le vin a naturellement le parfum de la résine de pin et fait la gloire de la banlieue de Vienne. » Pline (29-79 après J.C) livre XIV, chap.1er.
« On garde de la Gaule viennoise du vin empoissé que les Romains estiment beaucoup. » Plutarque (48 après J.C), Morale, livre V.
Dès 1940, Paul s’attelle à la restauration de ce château et de son parc en association avec Pierre BARNIAUD, architecte, et fait les plans des rénovations suivantes :
Création d’une porte d’entrée avec le monogramme de Jack Vial, J et V entrelacés.
Elaboration des plans du rez de chaussée et du premier étage.
Etablissement de plans pour les ateliers et magasins en 1941.
Réalisation du plan de la maison du Jardinier, pavillon du gardien au bord du Rhône.
Dessin de la balustrade de la grande terrasse en 1943.
Dessin des charmilles et roseraie en 1946.
Années d’après guerre :
Monuments antiques de Vienne :
Dès 1945, Paul effectue des relevés et études de monuments antiques à Vienne : Eglise Saint-Maurice, Abbaye de St Pierre, et du Théâtre Antique Romain commandées par la DirectionGénérale des Beaux Arts.
Cité des Chasseurs de Strasbourg :
Il conçoit pour la Cité des Chasseurs à Strasbourg, des maisons avec toute la partie du premier étage en bois. C’est une longue et belle histoire que celle de cette Cité….
Dans les années 30, la construction de petites maisons de briques, avec des fondations en béton est amorcée : 19 maisons sont bâties sur les 121 prévues dans le projet qui prévoit une cité jardin sur 60 hectares de terrain. Le chantier doit être interrompu pendant la guerre et reprend en 1948, le besoin de logements étant impératif. Mais voilà qu’en 1948, Paul est affecté par la Direction des Services Départementaux de la Reconstruction et de l’Urbanisme comme architecte dans les départements de Seine, Seine et Oise, Ille et Vilaine. C’est probablement dans le cadre de ce poste, bien que Strasbourg ne soit dans ces départements-là, qu’il établit les plans des maisons de la Cité des Chasseurs à Strasbourg que l’on a aussi appelé « Le Petit Village Suédois », avec ses chalets colorés… Dès 1947-48, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme s’attelle à reloger les habitants des villages bombardés, notamment Kehl. La Cité Rotterdam voit le jour à Strasbourg, mais ses maisons sont petites et les familles nombreuses, qui ont jusqu’à dix enfants, emménagent dans les chalets de la Cité des Chasseurs dont les habitations sont plus spacieuses. L’OHLM (Office des Habitations à Loyer Modérés) en a la gestion. Les familles se plaisent beaucoup dans ce quartier où la qualité de vie est agréable : petits commerces, espaces verts pour les enfants, convivialité et entraide. Les habitants demandent à acheter leur chalet et dès 1960 deviennent propriétaires !
Saint-Malo :
En 1950, Paul travaille avec Louis ARRETCHE, architecte en chef de la reconstruction de Saint Malo sur l’Ilot 9 et 11 dont ils effectuent les plans. Je possède 7 plans et le plan de masse des immeubles HLM intra muros. Saint Malo avait été détruite par l’artillerie américaine qui a confondu la ville avec le fort de la Cité de Saint Sevran qui était une place militaire allemande !
« Le patrimoine ancien a fait l’objet de mesures de sauvegarde adaptées, en même temps que d’une tentative d’implantation d’une architecture nouvelle d’accompagnement. » comme le décrit Yvon BLANCHET qui a rédigé en 1965 un mémoire sur la reconstruction de Saint Malo. Louis ARRETCHE prévoit la reconstruction des quatre façades principales de la ville. Je possède également les 13 plans du projet de reconstruction de la sous-préfecture de Saint-Malo.
Saint Lo :
Egalement, durant l’année 1950, Paul travaille sur la reconstruction de la Préfecture de Saint-Lo. Elle avait été détruite en 1944. En 1947, sa reconstruction est confiée à Louis ARRETCHE qui travaille avec Paul. Le projet est soumis aux élus mais « les bâtiments épurés couverts de toits en terrasse sont jugés trop « avant-gardistes » ! Paul avait des conceptions modernes et novatrices… Je pense que Paul a dû retravailler son projet intégrant colonnes, corniches et toitures à 4 pans en ardoise.
Ce sont les plans du bâtiment B que je possède. A-t-il conçu lui-même les trois bâtiments qui forment un ensemble en U ? Il manque beaucoup d’éléments pour retracer cette reconstruction. L’inauguration de l’ensemble préfectoral a lieu en 1953. Je ne sais pas si Paul a également revu et transformé l’Hôtel du Préfet avec son mur de clôture et le bâtiment des services administratifs.
En 2019, cet ensemble est inscrit au titre des Monuments Historiques.
Châteaux :
Paul mentionne dans son CV les commandes concernant la rénovation de quatre châteaux :
« Restaurations de Châteaux Historiques : Château de Septème en Isère, Château d’Ampuis sur le Rhône, Château de Ste Croix en Saône et Loire, Château de Chauvigny en Loir et Cher. ».
J’ai parlé précédemment de ses travaux en 1923 sur le Château de Septème, et de ceux sur le Château d’Ampuis pendant la guerre. Je n’ai ni documents, ni plans de son travail sur le Château de Ste Croix.
Il participe à la restauration du Château de Chauvigny à Savigny sur Braye, dans le Loir et Cher, en 1951. Ce château datant du XIXe siècle ne doit pas être confondu avec un château fort médiéval appelé Château Barronnial de Chauvigny, datant du XIe siècle.
Paul refait l’escalier d’honneur de l’entrée. Il fait graver sa signature sur la première marche : et date : 14 août 1951. Paul a écrit sur la couverture du plan de cet escalier ces précisions: « Escalier d’honneur, composé de marches massives par l’entreprise Chauvigny-Peuron-Marbrier. Limon et mur d’échiffre en roche de Tercé. Le tout en taille adoucie. »
François de Chauvigny propriétaire de ce château devient un ami de Paul et ils échangent une correspondance de 1950 à 1954. Ils sont restés amis longtemps, jusqu’au décès de Paul. Par la suite, j’ai pu croiser plusieurs fois François de Chauvigny, aristocrate charmant, plein de générosité.
Collaboration avec l’architecte Pierre TEZENAS du MONTCEL :
Différents travaux très variés le mobilisent en 1951 alors qu’il est associé à l’architecte Pierre Tezenas du Montcel : cinq projets sont élaborés cette année-là par Paul :
– Un pavillon de post-cure du Sanatorium de Cornusse (Cher)
Ce grand bâtiment, datant de 1903, a eu plusieurs fonctions: tout d’abord colonie de vacances, il a été un hôpital militaire en 1914-1918, et aussi en 1939. Puis la Croix Rouge le transforme sanatorium pour enfants atteints de tuberculose: Paul établit un projet pour la construction d’une aile de 66 lits ainsi qu’une autre aile pour les post-cures.
– Une grande cheminée de salon pour une maison à Brecey (Manche).
– L’entreprise Uni Auto à Paris, au 24 de l’Avenue de la Grande Armée.
– A Nassandres dans l’Eure il fait les plans de la maison de la direction d’une sucrerie (qui a fermé tout récemment en février 2021) et comptait déjà 1000 ouvriers au XIXe siècle;
– Et toujours à Nassandres ceux d’une tour d’exercices pour la Compagnie des Sapeurs Pompiers !
Deux autres réalisations suivent :
Une imposante cheminée de salon pour le Domaine du Moulin à Cheyssieu en Isère.
Un Immeuble rue du Général Foy. Dans quelle ville ?
Collaboration avec Pierre BARNIAUD :
Dans les années 1950-1960, il est associé avec l’architecte Pierre BARNIAUD et réalise de nombreux plans :
A Vienne, dès 1946, il effectue un avant-projet pour la transformation de l’immeuble « LesMaladières ». A Cheyssière sur Auberives, Monsieur Jenthon désire une grande villa moderne avec tour et cheminée… Paul en réalise les plans en 1954.
Durant l’année 1955, il dessine les plans de deux immeubles : « La Tour » à Grenoble en juin et « La Tour » à Vienne en juillet sous la direction de l’architecte Maurice NOVARINA! Ces deux tours culminent à 14 étages de hauteur !
Il fait les plans d’une maison à Conches dans l’Eure.
En 1956, il crée 24 logements à loyers économiques et familiaux (HBM) à Clichy-sous-Bois pour une société immobilière au nom bien poétique : « Notre Dame des Anges »…et un autre Immeuble HBM à Bondy.
Il réalise la salle paroissiale de Taverny, rue du Maréchal Foch, (Seine et Oise).
Il prévoit également l’extension du bâtiment principal du Petit Séminaire de Versailles, 97 rue Royale.
Poursuivons avec l’année 1957 qui voit les réalisations suivantes :
– L’église « Notre Dame des Champs » à Taverny. Cette petite église est bâtie avec des pierres blanches, le tour de ses fenêtres arrondies est en brique rouge. Elle est très belle, date de 1934. En 1957, Paul établit un pré projet d’agrandissement de cette chapelle.
– La salle d’œuvres de la propriété de l’Association Diocésaine de Versailles à Saint Pierre de Nonneville (Seine et Oise ).
– l’Immeuble « Le Raincy » (Seine et Oise ) avec 8 logements prévus de 2 et 4 pièces.
– Une grande propriété pour Francis Berne à Rosny-sous-Bois.
– Un Immeuble : LePavillon Sous-Bois à Livry-Gargan.
– Réalisations pour l’Hôpital de Montfermeil : un laboratoire et une salle de mécanothérapie ; le pavillon d’habitation du directeur.
Continuons avec l’année 1958 et la naissance de deux pavillons:
Pavillon pour Monsieur Marchetti à Neuilly-Plaisance
Pavillon pour Monsieur Robert Huret à Livry- Gargan (Seine et Oise).
En 1960, il fait les plans de la « Chapelle Notre Dame de la Croix » à Maisons-Laffitte, encore une église qui lui permet d’innover, d’utiliser différents matériaux pour une chapelle surprenante d’équilibre et de modernité, magnifique édifice avec un plan triangulaire. Au-dessus de la porte d’entrée, abritée par un auvent, se dresse un haut clocher en pierres de taille surmonté d’un coffrage en lamelles de bois pour abriter la cloche. Suivent les plans de l’Ecole Saint-Louis, rue de Halléville à Enghien-les-Bains qui comprendra trois classes et un logement.
En 1961, il dessine le Pavillon Sous- Bois, immeuble collectif, place de la Libération à Livry Gargan en Seine et Oise.
Il nous a toujours dit qu’il aimait faire les plans d’églises qui lui permettaient, je pense, une plus grande liberté de conception esthétique, de choix de matériaux de construction. C’est en janvier 1962 qu’il élabore un projet pour l’extension de l’ Eglise Sainte-Pauline au Vésinet (Seine et Oise).
Collaboration avec Maurice NOVARINA
En 1955 Il conçoit une très belle petite église en pierre à Ezy sur Eure. Les murs latéraux percés de grandes ouvertures longitudinales ; le projet a été confié à Maurice NOVARINA, architecte réputé de Thonon, mais je crois que c’est Paul qui en a dessiné les plans que je possède.
En 2019 elle est classée au titre des Monuments Historiques, une année avant que le fils de Maurice NOVARINA, Patrice, réalise un clocher campanile, haute sculpture faite de tiges de métal, avec une croix à son sommet et deux cloches qui y sont suspendues.
Je pense que ce nouveau clocher attenant à l’église n’aurait pas déplu à Paul, appréciant les réalisations artistiques modernes et audacieuses.
Dernier grand projet : contournement de Genève
On est en 1962, Paul a 71 ans, il ne réalisera plus de plans, mais se consacrera à un projet intéressant : « La Grande Ceinture de Genève ». Dès 1959, nous habitions une maison des années 30 dans une petite rue de Gaillard, village frontière avec Genève. La rue Paul Valéry se trouve entre deux douanes, Vallard et Moëllesullaz où nous allions à pieds prendre le tram 12 pour Genève.
Paul s’est passionné pour le projet de la construction de l’autoroute blanche conçu en 1968 et dont les travaux commencent en 1970. Il doit relier Mâcon à Chamonix. Il s’appelle autoroute des Titans pour le tronçon Bourg-en-Bresse / Bellegarde et Autoroute Blanche pour le tronçon qui va de Bellegarde à Chamonix. Genève, ne voulant pas être en reste, a voulu un accès rapide à cette autoroute dès Gaillard par la douane de Vallard.
Son quartier de Malagnou accède à cette grande douane qui entame la voie vers la vallée de l’Arve jusqu’à Chamonix. L’autoroute a été construite en contre-bas de Gaillard et un pont traversait le village. Paul se rendait souvent sur les lieux des travaux, très intéressé par ce chantier. En 1973, année de la mort de Paul, la section Vallard-Bonneville est inaugurée.
Un autre grand projet lui tenait à cœur : le contournement de Genève. Une autoroute de contournement sera au final inaugurée en 1993, reliant l’aéroport et la douane de Bardonnex. Mais depuis plusieurs décennies, le besoin était présent et les projets germaient. En 1960, une exposition est présentée au public genevois : « Voies urbaines et Futures »; le canton de Genève réalisait qu’il fallait désengorger la ville. La circulation y était dense, les rues devenaient trop étroites pour un tel trafic, le passage d’une rive du lac à l’autre par le pont du Mont-Blanc connaissait déjà des bouchons. Genève est une enclave dans le territoire français avec une zone urbaine entourée de terrains agricoles.
Monsieur Muller-Rosselet, urbaniste donnait son point de vue : « La motorisation exagéréede notre canton ne doit pas être considéré comme le Progrès en lui-même. », rejoignant un stand de l’exposition qui s’intitulait : « Grandeur et servitude des routes urbaines. »
En 1964, année de l’Exposition Nationale Suisse de Lausanne, l’autoroute Lausanne-Genève est inaugurée. Ce projet s’inscrit dans une suite d’autoroutes (383 km) devant relier la frontière autrichienne (Saint- Margrethen) à la frontière française (Bardonnex) en traversant la Suisse. En 2001, le dernier tronçon sera achevé reliant Morat à Yverdon.
L’autoroute Lausanne-Genève avait un embranchement au Vengeron pour se diriger vers la douane de Vallard via l’autoroute blanche vers la vallée de l’Arve jusqu’à Chamonix. Comment contourner Genève ? Un projet avec un tracé court de pont au-dessus de la rade avait toujours été refusé pour des questions de coût de d’esthétique, et se voit définitivement rejeté par la Confédération en 1964. Une idée de tunnel sous le lac a aussi germé. C’est en 1981 que le projet de contournement de Genève est adopté par le Grand Conseil et la Confédération. Douze ans plus tard, la voie peut être utilisée.
Pour anecdote, notons qu’il était même prévu de relier Rotterdam à Marseille ! Par voies d’eau, lacs, rivières, canaux… Visualisons son tracé : Rotterdam-Bâle-Aar-Neuchâtel-Léman-Genève-Seyssel-Lyon-Marseille. Ainsi, on aurait pu acheminer des denrées d’Afrique, des fruits, des minerais et on disait qu’« En 2000, Genève serait un port de mer ! »
Paul Bresse suivait tous ces projets, plans et contre verses de près. Il réfléchissait lui aussi à un projet de contournement de Genève en la reliant aux autoroutes voisines suisses et françaises. Il le réalisa et travailla sur une carte existante de la région, posant son calque sur les routes déjà tracées pour rejoindre Lyon, Grenoble, Chamonix.
20 ans après son décès, Genève peut être contournée par deux tronçons d’autoroute français et suisse. Paul n’aura pas eu la joie de les emprunter …
Pour relater la carrière de mon père Paul BRESSE, je me suis basée sur le Curriculum Vitae qu’il a rédigé, les plans et photos de ses réalisations que je possède, et aussi sur les articles parus dans la presse.
Vers l’âge de 30 ans, Paul est en possession de son diplôme d’architecte-archéologue-urbaniste.
Dans son CV, il mentionne lui-même les différentes collaborations de sa carrière :
« Avec M. Jules FORMIGE, Inspecteur Général des Monuments Historiques, Président de l’académie des Beaux Arts et Président de l’Institut.
Avec M. le Chanoine Ulysse CHEVALIER, Paléontologue et Membre de l’Institut.
Avec M. ROUX-SPITZ, Architecte en Chef du Gouvernement, 1er Grand Prix de Rome.
Avec M. L. ARRETCHE, Architecte en Chef du Gouvernement.
Avec les Architectes : BARNIAUD, TEZENAS du MONTCEL, VAUGEOIS, le SAUTER de PARIS, NOVARINA de Thonon. »
Sa carrière d’archéologue à Vienne
On peut globalement dire qu’au début de sa carrière, il se consacre principalement à l’archéologie. Les différentes missions qu’on lui confie vont se succéder :
Année 1921 :
Il prend sa carte de membre de la Société des Amis de Vienne, créée par son père. En effet, en 1904, Francis BRESSE, alors maire de Vienne, voit la nécessité de protéger le patrimoine local, notamment les vestiges romains qui risquent d’être vendus. Il réunit les fonds pour créer cette association qui existe toujours aujourd’hui. (Son site internet : https://amisdevienne.fr/)
Le 07 avril 1921, Paul devient Membre Titulaire de la Société Française d’Archéologie.
Le journal « Le Progrès de Lyon » mentionne le 13 juin 1021: « Paul Bresse a été élumembre correspondant de la Société Académique d’Architecture de Lyon. »
Il mentionne dans son CV qu’en 1921, il devient « Correspondant de la Société Académiqued’Architecture de Lyon », et la même année : « Lauréat au Congrès d’Archéologie, il reçoit la Médaille d’Argent. »
Déjà le 08 août 1921, il reçoit un courrier de Léon BERARD, chef de bureau des Monuments Historiques et des Sites, ministère de l’Instruction Publique et des Beaux Arts qui stipule :
« Par arrêté, Paul Bresse est chargé d’adresser à la Commission des Monuments Historiques un rapport détaillé sur l’Ancienne Abbaye de Saint-André-le-Bas à Vienne. »
De 1921 à 1924, Paul se voit confier, par cette Commission des Monuments Historiques, des missions à Rome et à Pompéi, probablement pour étudier la restauration des théâtres antiques.
Paul effectue donc un séjour à Rome. Peut-être est-il accueilli à la Villa Médicis ? Il possède un permis pour visiter et photographier le Vatican, la Chapelle Sixtine, la Pinacothèque, délivré par la Préfecture des Palais Sacrés Apostoliques.
La Société des Amis de Vienne édite régulièrement un Bulletin. Ils publient en 1921, un article de Paul Bresse sur « Les Voies Romaines à Vienne », bulletin n°17, pages 23 à 27 qui est aussi édité séparément.
Début du texte sur les voies romaines
Théâtre antique de Vienne
Entre 1908 et 1918, Ernest BIZOT, conservateur du Musée de Vienne avait fait des sondages sur ce terrain. On s’aperçoit alors que ces vestiges sont enfouis sous 6 m de terre. Ce n’est pas un amphithéâtre (ellipse complète), mais un édifice en hémicycle (semi-circulaire) avec des gradins étagés, la cavea, et un mur derrière la scène qui renvoyait les sons, les voix. On suppose que dans l’antiquité, il pouvait accueillir jusqu’à 12 000 spectateurs et devenait ainsi le plus grand théâtre de Gaule après celui d’Autun.
Paul BRESSE va amorcer une collaboration fructueuse et passionnante avec Jules FORMIGEInspecteur Général des Monuments Historiques et Président de l’Académie des Beaux Arts. Jules Formigé, architecte en chef des Monuments Historiques décide le dégagement du théâtre romain et la reconstruction de certaines parties. Plusieurs propriétés, à l’emplacement de l’ancien édifice, sont achetées par la ville de Vienne avec le concours de l’Etat, du département de l’Isère, et de la Société des Amis de Vienne.
Pour faciliter les fouilles et le dégagement de l’emplacement du théâtre antique, les terrains qui recouvrent les gradins sont également acquis. Le Bulletin des Amis de Vienne fait paraître un article de Paul BRESSE : « Le Théâtre de Pipet » en 1922, Bulletin n°18, pages 28 à 38. Cet article a été aussi édité séparément.
Début du texte sur le Théâtre de Pipet
De 1923 à 1935, il sera le proche collaborateur de Jules Formigé et travaillera sur des édifices classés de Vienne. Il entreprend alors des études de Monuments Antiques à Vienne : Théâtre Romain, abbaye Saint Pierre du V ème siècle, une des plus anciennes de France et surtout l’Abbaye romane de Saint-André-le-Bas, datant du VI ème siècle. C’est également Paul BRESSE qui « expose l’état actuel de la question » comme le relève le Journal des Débats du 22 janvier 1924, concernant ce théâtre romain dont il ne subsiste guère que les fondations et qui est enclavé au milieu de constructions modernes. Les théâtres de Rome, Pompéi, Arles, Orange, Vaison-la-Romaine ont été restaurés. Il faut s’inspirer des méthodes employées dans ce type de réfections.
Ce théâtre est inauguré en 1938 par le président Albert LEBRUN, avec une capacité d’accueil de 9000 spectateurs. Mais des travaux de dégagement ont été poursuivis jusqu’en 1947, et ont redonné au théâtre sa fonction originelle en redevenant le cadre de manifestations variées. Notons le célèbre « Jazz à Vienne » qui a lieu depuis 1981. Il peut accueillir 13 000 spectateurs et son diamètre est de 130 m, avec 46 rangs de gradins. Il présente un dénivelé de 28,5 mètres depuis l’orchestre où prenait place le chœur autrefois, et le gradin supérieur.
Il est émouvant de citer un sonnet écrit par un inconnu et dédié à Paul BRESSE pour son travail sur ce théâtre. Il paraît dans le Journal de Vienne.
Ruines Romaines, sonnet A Monsieur Paul Bresse :
Evoquer le passé et le vouloir tangible.
Fouiller, avec ferveur, dans un sol disparu,
Déchiffrer l’inscription sur la pierre illisible.
Et rétablir un plan à tout jamais perdu :
La tache est difficile et le but grandiose.
Il faut beaucoup savoir pour oser le tenter.
Vous êtes aujourd’hui, Monsieur, celui qui l’ose.
Laissez-moi, de tout cœur, vous en féliciter.
« Urbs Senatoria », qui jadis fut illustre,
Même aux yeux des Viennois va prendre un nouveau lustre :
Ses termes, son théâtre et ses dieux vont surgir…
Et voici que planant autour des sept collines,
L’âme des vieux Romains, qui abritaient les ruines,
Regarde avec amour ce travail s’accomplir.
Cloître de l’Abbaye Saint André le Bas
Année 1923 :
La restauration de l’Abbaye de St-André-le-Bas et de son cloître sera également supervisée par Jules Formigé qui réalisera le désengagement de la façade de l’Abbaye, grâce à l’achat puis à la démolition d’un immeuble du XIX ème siècle dernier avec 4 galeries.
Le préau du cloître servait de cour intérieure à l’immeuble, les arcades étaient aveugles, les colonnettes et chapiteaux emprisonnés: l’argent pour racheter cette construction sera obtenu par une souscription auprès des sociétaires des Amis de Vienne et des dons.
Les travaux seront évoqués au moment de l’Assemblée Générale de la société des Amis de Vienne, le 30 Avril 1923, publié dans le Bulletin n°18, pages 14 à 16.
Paul expose ses projets, études et dessins sur le Cloître de l’Abbaye de St André-le-Bas au Salon des Artistes Français : ses dessins sont acquis par l’Etat.
L’inauguration de l’Abbaye aura lieu bien tardivement en 1938.
Le cloitre est actuellement un lieu, de cérémonies, de visites et d’expositions
Suite de la carrière d’archéologue de Paul BRESSE
Il est nommé en avril 1924 « Correspondant de la Commission des Monuments Historiques (section des Antiquités et Objets d’Art) pour le département de l’Isère. » Il a écrit de nombreux textes sur l’histoire et l’évolution de la ville de Vienne.
Malgré tout le travail entrepris par les missions dont il a la charge, Paul pose, à cette époque-là, sa candidature à certains postes qui l’intéressaient au plus haut point :
Architecte ordinaire des Monuments Historiques.
Conservateur des Musées Nationaux.
Employé aux fouilles de l’antique Lugdunum (Lyon).
Correspondant des Monuments historiques pour le département du Rhône.
Malheureusement ces candidatures n’aboutissent pas, soit qu’on lui impose de résider dans le département concerné, soit que les diplômes demandés divergent de celui des Beaux Arts : Ecoles Françaises de Rome ou d’Athènes, Ecole du Louvre ou de Chartres, agrégation ou doctorat es lettres ou es sciences.
Guerre de 39-45 :
Dès 1945, Paul effectue des relevés et études de monuments antiques à Vienne : Eglise Saint-Maurice, Abbaye de St Pierre, et du Théâtre Antique Romain commandées par la DirectionGénérale des Beaux Arts.
Quelles sont les mémoires de ses travaux d’archéologue ?
En rappelant le souvenir des sociétaires disparus, les Amis de Vienne ont rédigé et publié la nécrologie de Paul BRESSE, publiée dans le N° 69, 1er Trimestre 1974.
C’est un éloge qui fait référence, je pense, à différents textes écrits par Paul: « L’Abbaye de Saint André-le-Bas, histoire. » ; « Vienne, mélange d’archéologie, d’architecture» ; « Histoire viennoise. »
Citons également : « Le théâtre romain de Pipet à Vienne » par Paul BRESSE et Claude FAURE aux Editions Henry Martin en1923 ; texte qui donne lieu à un article paru dans le Bulletin de la Société des Amis de Vienne n°18, page 28 à 38, en 1922.
Tous les articles parus dans les bulletins des Amis de Vienne sont disponibles à l’achat sur le site des Archives des « Amis de Vienne »
Françoise (1887-1860), qui a épousé Paul SAUTREAUX (1885-1928), médecin
Henri-Octave (1888-1915), ingénieur des Mines, qui a été tué pendant la guerre de 14-18
Louise-Madeleine, dite Madeleine (1889-1981) qui a épousé Pierre GARDON (1884-1979) Juge de Paix
Laurent, Paul, Eugène (1891-1973) architecte qui a épousé Antoinette Marie ODIER-MECKLING (1915-1983)
Jean Louis Félix Gabriel (1894-1982) qui a épousé Madeleine Marie SEVE (1903-1943), puis Suzanne Elisabeth HENRY (1911- 2000)
Les 5 enfants, avec de gauche à droite : Françoise, Jean, Paul, Henri, Madeleine. Photo colorisée par Jean-Claude FINAND
Corinne Molliet-Bresse, fille cadette de Paul BRESSE a rédigé la biographie de son père en mai 2021. Les textes qui suivent en sont des extraits que je publie en collaboration avec elle.
Antoine, Anne et Corinne, les enfants de Paul BRESSE, sont mes cousins germains, puisque Paul BRESSE était le frère de mon père Jean BRESSE.
Jean François BRESSE
Plan des publications :
1 ère partie : sa vie
2 ème partie : sa carrière d’archéologie
3 ème partie : sa carrière d’architecte
4 ème partie : ses passions, ses amitiés
Enfance et jeunesse
Jusqu’à ses douze ans, Paul vit une vie de famille équilibrée et animée dans la grande maison de St Marcel, entouré de ses parents et de ses quatre frères et sœurs.
Son père, Francis BRESSE est avoué et maire de Vienne. Il dirige la maisonnée avec une bienveillante autorité. Sa mère, Emma BERTINI, venait d’une famille de musiciens : son grand-père Henri BERTINI (1798 Londres – 1876 Meylan, près de Grenoble), fut un pianiste virtuose, compositeur de musique, laissant une œuvre préromantique d’environ 500 morceaux dont de nombreuses compositions pour piano. Voici ce qu’en dit Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/Henri_Bertini
La surdité : Un handicap ? Une infirmité ?
Paul Bresse était sourd depuis l’âge de douze ans, en 1903 : une surdité totale, définitive, survenue après une série d’otites à répétition.
On parle souvent de l’isolement provoqué par la surdité qui supprime l’environnement sonore, les bruits du monde… Son père Francis y a été sensible, mesurant les difficultés que Paul allait rencontrer dans sa vie d’écolier, d’étudiant, de travailleur, mais aussi sa vie sociale et amoureuse. Il lui a fait apprendre la lecture labiale. Francis s’est beaucoup impliqué par la suite dans des œuvres sociales d’entraide. Il a organisé durant la guerre de 14-18 des secours aux militaires et blessés. Francis BRESSE a été élu Conseiller Général au Département de l’Isère, en 1910 jusqu’en 1928. Il était au Parti Radical Socialiste. Il a eu diverses implications : « Président de la Caisse Agricole Mutuelle du Dauphiné, Président des Pupilles de la Nation, Président du Comice Agricole Bon Marché de Vienne, Vice-président de la Commission des Hospices de Vienne ; il a aussi créé le sanatorium de Seyssel.»
Francis recherche une personne pouvant aider Paul. Il est indéniable qu’il n’a pas pu continuer à fréquenter la classe de l’école secondaire du lycée de Vienne. Il a donc eu une préceptrice, Madame Dupin. On se demande quelle méthode elle a employée pour apprendre à Paul à lire sur les lèvres. Par l’observation des lèvres de l’interlocuteur, qui lui-même doit s’efforcer de bien articuler les syllabes, la personne sourde s’appuie aussi sur la suppléance mentale de son cerveau qui est capable de reconstituer la conversation. Paul est persévérant et courageux. Il le montrera toute sa vie.
Pour Paul, la communication avec les autres restait difficile. Il n’était, heureusement, pas sourd de naissance, il a entendu pendant 12 ans, mais son élocution était devenue étrange, beaucoup de personnes ne le comprenaient pas; j’ai entendu cette remarque bien souvent, ce qui me peinait. Il percevait des vibrations. Paul chantait ! : « Ma cabane au Canada ». Bien sûr, il n’avait pas pu l’entendre sur les ondes avant ses douze ans, puisque Louis Gasté l’a composée pour Line Renaud en 1947… Les orthophonistes ont essayé à plusieurs reprises de l’appareiller, mais cela était trop inconfortable pour lui, les appareils installant des bruits bizarres et des bourdonnements. Imaginons des acouphènes en permanence, des sons distordus, un brouhaha sonore… Petit, il s’est construit comme tous les autres enfants dans une grande famille de sept personnes. Je suis sûre que tout de suite, il a relevé le défi de cette surdité survenue brusquement, s’est accroché à ses apprentissages jusqu’au BAC. Puis il a fait de brillantes études d’architecte, réalisé des travaux passionnants et reconnus. Nous le verrons plus loin. Il a oublié les moqueries, les discriminations. Bien sûr il vivait dans le silence, l’environnement sonore d’une maison avec une vie de famille animée lui était étranger, les paroles et les mots spontanés, les interpellations à distance de Nine, son épouse et de ses trois enfants, restaient impossibles. Dans sa profession d’architecte, il était absent des réunions, des rencontres de chantier : il a toujours dû travailler avec un architecte associé.
Mais voilà, la communication restait un peu difficile avec Paul, puisqu’il fallait toujours se placer face à lui et bien articuler pour se comprendre : la discussion demandait de la patience, de la concentration, limitait la spontanéité des mots et phrases lancés. En famille, nous le comprenions bien, même si le son des mots qu’il prononçait était déformé. Mais j’ai côtoyé grand nombre de personnes qui avaient du mal à saisir ce qu’il disait. Et bien sûr nous parlions avec nos mains, inventant même des signes imagés. Nous, ces trois enfants, sommes restés très expressifs dans nos conversations toujours rendues, à ma grande joie, très vivantes.
Paul était un être très sociable, recherchant l’échange et le contact, très apprécié de tous, avec de nombreux amis. Nous rendions visite aux membres de sa famille à Lyon, Vienne ou à Artas. Nine, notre mère, était très liée à sa famille de Genève. Nous nous fréquentions beaucoup. Lors des visites, réunions de famille et repas, séjours dans les chalets du Salève, tous reconnaissaient son parcours si intéressant, son courage et son talent.
J’ai souhaité faire un petit détour sur cette polémique autour de la surdité et des enseignements existants au début du 20ème siècle pour que les enfants sourds puissent apprendre et grandir.
La langue des signes a été interdite pendant des décennies, depuis 1880 par le Congrès de Milan regroupant 255 participants, éducateurs et spécialistes de l’enseignement pour enfants sourds. Ces personnes avançaient leurs arguments en faveur du langage oral en affirmant que les enfants sourds devaient impérativement apprendre à parler. Le compte-rendu de séance relève les avis des opposants à la langue des signes :
« Le langage mimique est surabondant et parle trop vivement à la fantaisie et à l’imagination. »
« La méthode orale convient mieux à l’instruction religieuse. Il faut rendre les sourds-muets à Dieu. »
« Les élèves sourds sont plus physiologiquement humains depuis que nous les élevons par la parole. »
La langue des signes, liée à l’expression corporelle, est considérée alors comme inconvenante, puisqu’elle accentue l’expression du visage en lien avec la gestuelle des mains. Bien évidement les mimiques sont nécessaires pour compléter le sens de la phrase.
Un préjugé terrible affirmait, à l’époque, que les sourds muets ne pouvaient pas avoir une intelligence développée. Certains les traitaient même de « sauvages » ! ?
Pendant 100 ans, la langue des signes se voit donc interdite !
En 1980, un siècle plus tard, surgit « Le Réveil Sourd »: écrivains, journalistes, linguistes, sociologues travaillent à la requalification de la langue des signes. Jean Crémion crée une association : « deux langues pour une éducation », et un centre social et culturel pour sourds.
En 1991, la langue des signes est réintroduite dans les écoles: c’est la fin de l’obligation d’enseigner la méthode orale et les parents peuvent choisir une éducation orale ou bilingue, en y associant la langue des signes qu’ils apprennent également.
En 1993, Emmanuelle Laborit, sourde de naissance, reçoit le Molière de la révélation théâtrale pour son rôle dans « Les Enfants du Silence. » Elle avait rencontré en 1976, à l’âge de 7 ans, Alfredo Corrado, acteur et metteur en scène sourd. Il avait créé l’International Visuel Théâtre des sourds à Vincennes où Emmanuelle Laborit a appris le métier de comédienne après son BAC. Puis, plus tard en 1994, souvenez-vous, elle nous a enthousiasmés avec son livre « Le Cri de la Mouette ».
Le métier d’interprète en langue des signes est validé par un diplôme. La reconnaissance avance… Les sourds communiquent plus aisément.
En 2005, la langue des signes est reconnue comme une langue à part entière
On reconnaît maintenant combien elle peut créer un véritable moyen de communication, de parole pour les sourds. Il suffit de suivre un discours politique, un exposé, à la télévision traduit simultanément en langue des signes, pour se rendre compte que tout peut être dit, exprimé avec cette langue, jusqu’aux textes les plus ardus. Et nous regardons fascinés la gestuelle si rapide et précise des interprètes !
Etudes
Paul est né et habitait à Vienne. Il y a été écolier puis lycéen. A douze ans, Paul devint sourd, mais il a poursuivi sa scolarité secondaire dans les meilleures conditions.
On peut penser qu’on riait de sa peine et bien souvent on se moquait de lui. Ses parents lui donnèrent l’appui dont il avait besoin en la personne de Madame Dupin de Bagnols. Cette dame lui a servi de professeur, de préceptrice. Paul a pu poursuivre sa scolarité jusqu’au baccalauréat. Il est entré à l’Ecole des Beaux Arts de Paris, puis de Montpellier où il a obtenu un diplôme DPLG : architecte urbaniste « Diplômé Par Le Gouvernement. »
Sur ses plans et courriers divers, Paul signe et se définit comme « architecte-archéologue » ou « architecte-urbaniste » ou encore « architecte-décorateur. »
Par la suite, est-il allé étudier à la Villa Médicis de Rome ? Il a fait un séjour à Rome de 1921 à 1923. Crée en 1666 par Louis XIV, cette institution, Académie de France à Rome, accueille, encore de nos jours, pour une année, des artistes de différentes disciplines : entre autres, un secteur « Restauration des œuvres d’art et des monuments ». Il a effectué des séjours à Pompéi et à Rome. Très tôt, il s’est passionné pour l’archéologie comme ses travaux à Vienne le montrèrent par la suite.
Guerre de 14-18
Le Conseil de Révision exempte Paul de partir au front en raison de « surdité- mutité ».
Non Mobilisable. Il aurait cependant été présent sur le front quelques temps puisqu’il racontait que n’entendant ni les balles, ni les tirs d’obus, il faisait « comme les autres », se plaquant au sol ou fuyant ventre à terre… Une balle aurait même une fois lacéré son pantalon sans toucher sa jambe !
Paul s’est engagé comme infirmier-brancardier à l’Hôpital Complémentaire n°2 de Vienne, de septembre 1914 à décembre 1917.
Tous les hommes de son âge étaient mobilisés : Henri et Jean ses frères, Paul SAUTREAUX, le mari de sa sœur Françoise, mobilisés en tant que médecin, Charles LACOMBE, Charles BUISSON, ses oncles. Une importante correspondance arrivait à la maison de Saint Marcel à Vienne.
Des échanges de courrier émouvants et affectueux essayaient de combler l’angoisse de savoir les hommes au front, en première ligne dans cette guerre si meurtrière.
Son frère Henri, ingénieur des Mines, lieutenant au 1er Régiment d’Artillerie Lourde fut tué par un éclat d’obus le 12 mai 1915 au Mont St Eloi. Il écrivait à Paul resté à Vienne, employé comme infirmier à l’hôpital :
« Le moindre petit mot fait ici plus de plaisir que nulle part ailleurs. » ou alors : « Je sais que tu continues l’œuvre admirable qui t’occupe depuis le début : c’est toi qui a la part la plus ingrate. » Lettre du 24 avril 1915. Ou encore il envoyait à son frère ces paroles de réconfort : « Tu es aussi utile à Vienne qu’au front. » Dans une de ses lettres, Henry demande qu’on lui envoie sa blague à tabac et du papier pour écrire…
Une correspondance suivie s’était établie aussi avec son frère Jean, caporal, qui, lors de la mort d’Henri, leur frère aîné, lui écrit avec émotion et tristesse. J’ai relevé certains fragments de ses lettres :
« Notre frère est mort de la plus belle mort qui puisse être. » Henry faisait partie du 1er Régiment d’Artillerie Lourde, responsable de canons à courte portée.
« Je n’oublierai jamais que j’ai un frère à venger. »
« Demain une messe est célébrée pour les morts du 99ème régiment, j’y prierai pour notre brave Henry. »
« Quand donc pourrons-nous voir les Boches déguerpir devant nous ? »
« J’ai besoin d’un peu de galette pour l’arrosage des galons. »
« Je suis très content de mes poilus. »
« On suit avec impatience les succès russes et on espère bientôt la formidable offensive anglaise. »
Et puis, plus énigmatique :
« Tu recevras un petit rouleau. » Ou alors : « J’attends le résultat de mon petit envoi, peut-être ne seront-elles pas très bien à cause du mauvais temps. » De quoi s’agit-il ? De photos bien sûr ! Paul devait faire développer les rouleaux de pellicules que Jean lui envoyait. Déjà la passion de la photographie !
Et aussi avec l’affection d’un frère, Jean le sermonnait :
« Il faut que je te remonte un peu, on n’a pas idée de voir tout en noir comme toi. »
« Il ne t’est pas permis comme nous de venir combattre, mais n’oublie pas le rôle que tu remplis à Vienne. »
Enfin la victoire ! Une carte postée le 11 novembre 1918 fait dire à Jean : « Un jour qui comptera dans l’histoire du monde. » Assurément !!!
Madame Dupin de Bagnols lui écrit ces mots magnifiques en 1916 :
« Les infirmiers qui, comme toi savent panser les blessures du corps, mais qui trouvent aussi un peu de baume réconfortant pour les pauvres cœurs brisés et malheureux. »
Son action, en tant que résistant pendant la guerre de 39-45
Paul BRESSE s’engagea dans le mouvement de la Résistance de novembre 1941 à septembre 1944. Dès 1941, il organisa un groupe de Pré-résistance à Vienne : « Les Amis des temps Nouveaux », dont le chef était l’Abbé Tenard de l’Institution Robin.
Stanislas Fumet a très bien résumé son engagement en lui remettant l’attestation suivante en décembre 1945 :
« C’est l’esprit de résistance de Temps Nouveau qui l’avait séduit. Nous faisions alors de l’anti-collaborationnisme assez peu déguisé et la lettre de Paul Bresse m’avait fait comprendre qu’il était, lui aussi, dès cette époque, un patriote réfractaire à l’esprit que Vichy essayait de faire régner en zone dite libre. »
Paul Bresse s’est occupé très activement de la diffusion de « Témoignage Chrétien » dont le chef à Lyon était le Colonel Rémy. Il a fait plusieurs liaisons de Vienne à Paris en passant la ligne de démarcation en fraude. Il diffusait également des Communiqués de Radio Vatican.
Il était membre de la Section Franc Tireur n°6, son nom de résistant était Humulus.
Pourquoi Humulus ? Que ce nom évoquait-il pour lui ? C’est probablement une référence à « Humulus le Muet », comédie de Jean Anouilh et de Jean Aurenche, saynète écrite en 1939.
Paul connaissait Jean Aurenche pour avoir été son collaborateur sur un film documentaire « Royaume et Empire du Rhône » en 1927. J’y reviendrai plus loin.
Une attestation du Mouvement de Libération Nationale, signée de Jean-Roger Guichard témoigne de son engagement et des responsabilités assumées : « Paul Bresse, Franc Tireur section 2, s’est occupé de la diffusion de la presse clandestine de novembre 1942 à Août 1944, il faisait circuler les parutions de : Temps Présent, Temps Nouveau, Position, Radio Vatican et Témoignage Chrétien. ».
En août 1944, il rejoint la Défense Passive de Vienne, résistance organisée dans la retraite des armées allemandes. A ce titre il a été chef d’équipe de cette Défense pour le déminage du Pont Saint-Cenis de Vienne.
En septembre 1944, le chef de liaison de la Défense Passive de Vienne, Monsieur Pellet, lui délivre un laissez-passer pour visiter les immeubles sinistrés pour un secours immédiat.
Il est autorisé à circuler librement, en vélo par une attestation des Forces Françaises de l’Intérieur. Il avait un laissez-passer pour sourds, brassard avec bandes jaune et blanche, considéré comme infirme sourd-muet, attesté par un certificat médical. Il jouait de son élocution déformée pour se faire passer pour « débile » devant les allemands…Il avait appris et leur répétait en allemand: « Ich bin taub », ce qui signifie : « Je suis sourd. »
Vie de famille et lieux de vie
Paul BRESSE s’est marié le 2 novembre 1945 (à 54 ans) avec Antoinette, Marie ODIER (30 ans) que l’on appelait Ninette ou Nine.
Vienne et Genève. Il y avait un lien entre ces deux villes, un lien qui est devenu un amour…
Antoinette ODIER était orpheline de mère depuis sa naissance en 1915. Son père, Charles ODIER, éminent neuropsychiatre dont la biographie existe sur Wikipédia : Charles ODIER
Charles ODIER s’était remarié en 1929 avec Ilse Loebel, veuve de Jules RONJAT, cousin très éloigné de Paul BRESSE. Il était linguiste, docteur ès lettres, spécialiste de la langue d’Oc. Il a travaillé pour l’Université de Genève et était membre du Félibrige, cette association fondée en 1854 qui œuvrait pour la restauration de la langue provençale, la sauvegarde de la culture et de l’identité des pays de langue d’Oc. La biographie de Jules RONJAT (1864-1925) qui est né à Vienne, est aussi sur Wikipédia : Jules RONJAT
Paul savait le provençal, lisait « Mireille » de Mistral. C’est par son intermédiaire que Ninette et Paul ont été présentés.
A la libération, Ninette et Paul se sont retrouvés à Paris. Ils habitaient un petit appartement au 8 de la rue Blomet (voisins de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre qui logeaient quelques numéros plus loin). Trois enfants sont nés : Antoine en 1946, Anne en 1948 et Corinne en 1950.
C’était le Paris d’après-guerre, le quotidien était difficile : cartes d’alimentation pour obtenir les denrées de base, pénurie de charbon, coupures d’électricité… Mais Paris revivait et Ninette nous a raconté bien souvent combien elle a aimé cette vie à Paris. Elle déambulait avec ses trois enfants dans tous les quartiers, Antoine sur son tricycle, Anne debout sur le marchepied de la poussette où dormait Corinne ! Dans le salon de l’appartement, Paul dessinait ses plans sur une immense planche à dessin, comme dans tous les logements où nous avons habité.
En 1954, le père de Ninette étant malade, toute la famille est partie habiter à Vernand dans le canton de Vaud en Suisse. Séparé d’Ilse Loebel, Charles ODIER vivait avec Germaine GUEX, psychanalyste. Nous habitions une belle et grande maison avec jardin. Malheureusement Charles ODIER est décédé et nous avons déménagé à Lausanne dans une maison locative, Germaine GUEX, psychanalyste s’est installée au premier étage dans un appartement où elle recevait ses patients, et nous au troisième étage sous les toits. Paul avait un bureau avec comme toujours une immense planche à dessin et des rouleaux de calque entreposés partout.
En 1959, retour en France ! Paul voulait un enseignement français pour ses enfants… Mais il y avait une autre raison à ce déménagement : Ninette se rapprochait ainsi de sa famille installée à Genève. Nous habitions une villa à Gaillard tout près de la frontière suisse et de Genève où le tram 12 nous amenait depuis la douane. Ninette avait hérité de son père d’une Peugeot 203; c’était l’occasion de passer le permis de conduire, Paul ne conduisant pas.
Durant toutes ces années, l’appartement de la rue Blomet était toujours prêt à accueillir Paul qui travaillait avec des associés établis à Paris. Il y faisait de longs séjours pour son travail, effectuant la plupart du temps ses trajets en avion. Il a même volé dans la Caravelle, et s’est trouvé une fois assis à côté de Charlie Chaplin ! Nous nous rendions fréquemment à Paris dans la 203, avec Ninette au volant : elle avait la nostalgie de Paris, Lausanne n’étant pas aussi attractive et vivante…Heureusement qu’il y avait les bateaux à aube du Léman pour faire la traversée Lausanne-Evian pour respirer, non pas l’air du large du lac, mais un peu de la France en rapportant des sucettes Pierrot-Gourmand !
Dans tous les logements que nous avons habités, petits ou plus spacieux, Paul avait son bureau. C’était une priorité pour qu’il puisse travailler, dessiner sur une immense planche à dessin couverte de calque. Il possédait bon nombre de magnifiques porte-mines, affûtés, réglables, que nous n’avions pas le droit de toucher, de glisser dans notre trousse d’école ! Il avait des règles aussi, des droites, en bois, en métal, des courbes aussi : oui, des règles courbes, c’est surprenant ; pourtant je possède encore ces formes de bois vernis qui permettaient de tracer des courbes différentes. Ainsi que son T et son équerre d’architecte. Il écrivait les légendes de ses plans avec des chablons, calibres en plastique orange qui proposaient toutes sortes de caractères. Mais pas autant qu’en propose aujourd’hui la police de nos ordinateurs !
Fin de vie et sa mémoire à Vienne (Isère)
Paul BRESSE est décédé le 19 juillet 1973, à l’âge de 82 ans. Il a été enterré au cimetière de Gaillard en Haute Savoie, son dernier lieu de vie. Une messe a été dite ce jour-là par son neveu Michel, prêtre, fils de son frère Jean.
Antoinette, son épouse, décédée le 31 août 1983 a également été enterrée au cimetière de Gaillard.
Actuellement une urne commune contenant leurs cendres est entreposée au colombarium du cimetière.
Paul a toujours été très attaché à la ville de Vienne, la ville de son enfance, son lieu d’accueil pendant les 2 guerres, et il s’est passionné pour ses vestiges romains.
Je dois probablement mon deuxième prénom, Blandine, à la colline Ste Blandine qui surplombe la ville.
Une rue de Vienne porte son nom : rue Paul BRESSE. Dès 2004, André HULLO, conseiller municipal en charge du patrimoine et président de la Société des Amis de Vienne, est à l’origine de cette dénomination. En 2007, le panneau « Rue Paul BRESSE » est apposé aux extrémités d’une voie délimitée par le « Cours Verdun » et la « Rue Francisque CHIRAT » d’une longueur de 75m. Simultanément, une autre rue est baptisée « Rue Jules RONJAT » : elle est délimitée par la « Rue Paul BRESSE » et la « Rue Emile Romanet ».
Corinne et Anne-Sylvie devant la pancarte de la rue Paul BRESSE à Vienne
Claire Marie Suzanne (1888-1957) qui a épousé Jean MARS (1878-1946). Ils ont eu 10 enfants
Amédée Charles Pierre (1891-1989) qui a épousé Geneviève BRIERE (décédée en 1941) sans enfants
Madeleine (1892-1943) religieuse Saint Vincent de Paul
Germaine (1895- ), religieuse de l’Assomption
Jacques (1898- ?) qui a épousé Nicole GIRAULT. Ils ont eu 2 enfants : Jean Pierre (1941- ) et François (1945- )
Claire Marie SuzanneBRESSE est née à Chalons/Marne le 25 Septembre 1888.
Elle s’est mariée le 2 Octobre 1911 avec Jean MARS, né le 10 Septembre 1878 à Châteauroux (Indre).
Carrière de Jean MARS devenu Général de Brigade
Jean MARS fait ses études au lycée de cette ville, puis à partir d’Octobre 1895, au Collège Stanislas à Paris
Entrée à l’Ecole Polytechnique en 1899
Il en sort en 1901 avec le rang de 52ème sur 218 et choisit l’Artillerie.
Il est sous-lieutenant élève à l’Ecole d’application de Fontainebleau d’Octobre 1901 à Octobre 1903, date où il est promu lieutenant.
Il obtient comme première garnison, le 40ème régiment d’artillerie à SAINT-MIHIEL (ville du Nord-Est de la France, située sur la Meuse, en Lorraine).
En Octobre 1905, il va suivre pendant 1 an les cours d’équitation à l’Ecole de Cavalerie de SAUMUR et obtient la mention « assez bien »
A la sortie de Saumur, il revient comme lieutenant aux batteries à cheval de SAINT-MIHIEL, puis un an après à celles de STENAY (commune française située dans le département de la Meuse, en région Grand Est).
Le 25 Septembre 1909, il est muté au 25ème Régiment d’artillerie (CHALONS).
Le 25 Décembre 1910 au 28 ème à Vannes, comme commandant de batterie.
Le 25 décembre 1911, il passe Capitaine sur place, enfin le 20 Mai 1914 il est nommé au MANS, commandant de la 8ème batterie du 31ème Régiment d’artillerie.
Guerre de 14-18
C’est à la tête de cette 8ème batterie du 31ème qu’il commence la guerre de 1914, et c’est avec ce Régiment, comme commandant de batterie, puis comme commandant de groupe qu’il va faire toute la guerre, en y accumulant 6 blessures et 4 citations.
Le 4ème Corps d’Armée, auquel appartient le régiment, combat tout de suite à la bataille des frontières.
Le 31ème est à VIRTON (ville francophone de Belgique située en Région wallonne et en Ardenne belge).
Puis c’est la retraite, suivie de la BATAILLE de la MARNE, puis de l’AISNE.
Le capitaine MARS est blessé une 1ère fois le 16 Septembre 1914 par une balle de shrapnell à la tête, puis une 2 ème fois le 24 Septembre 1914 d’une balle à l’épaule gauche. Le 26 Octobre 1914 il est cité à l’Ordre la 2 ème Armée :
«Blessé une première fois a conservé le commandement de sa batterie, jusqu’à ce qu’une deuxième blessure l’ait mis dans l’impossibilité de commander».
Le 20 Décembre 1914, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur pour ces faits de guerre.
Il est soigné de sa blessure à PARIS 75008 (Hôtel Astoria), puis rejoint le dépôt du Régiment au MANS et vers le 15 Octobre est revenu à sa batterie au front.
Il passe l’hiver dans la région de MONTDIDIER, puis le Régiment est dirigé sur LA CHAMPAGNE (où il passera presque tout le reste de la guerre et d’abord AUX MONTS DE CHAMPAGNE, puis dans la région TAHURE-MASSIGES, PERTHES-les-HURLES.
Le 15 Juillet 1915, le Capitaine MARS est blessé une 3ème fois (éclat d’obus au coude droit), et une 4ème fois le 28 Septembre.
Il est soigné à l’hôpital de Recouvrance à Saintes du 1er au 25 Octobre, retourne au front le 10 Décembre. Le 15 Novembre de la même année, il est cité à l’Ordre de la Division (2ème citation)
«A montré beaucoup de crânerie à son poste d’observation bombardé violemment les 27 et 28 Septembre 1915. Y a été blessé ».
En 1916, le Régiment participe aux grandes batailles de VERDUN : dès le début, aux JUMELLES d’ORNES, puis au moment des attaques les plus dures sur DOUAUMONT et VAUX. Le 21 Septembre 1916, le Capitaine MARS prend le commandement du 2ème Groupe et est promu chef d’escadron à titre temporaire.
Revenu en CHAMPAGNE, dans les régions des MONTS, du MASSIF DE MORONVILLIERS, de la CHAUSSÉE ROMAINE, il participe à l’offensive d’Avril 1917 et est l’objet d’une nouvelle citation le 11 Juillet 1917, à l’ordre du 17ème Corps d’Armée pour sa belle conduite du 3 au 25 Mai(3ème citation)
«Officier supérieur d’une bravoure à toute épreuve, payant constamment de sa personne, insouciant du danger. Du 3 au 25 Mai 1917, a maintenu par son exemple le moral de son groupe: a pu remplir à la satisfaction de tous, les diverses missions qui lui étaient données, malgré le bombardement incessant de l’ennemi et les pertes élevées. Blessé légèrement le 4 MAI (5ème blessure) n’a pas voulu interrompre son service un seul instant, ni se faire soigner ».
En 1918, la Division, subit encore le 15 Juillet, près de CHÂTILLON sur MARNE, la grande attaque allemande de la région de REIMS (2ème bataille de la Marne). Le Commandant MARS y est blessé une 6ème fois (blessure par balle au genou) et est cité le 24 Août suivant à l’Ordre de la 5ème Armée (4ème citation)
« Officier supérieur des plus remarquables et doué des plus belles qualités de bravoure, d’énergie et d’allant. Le 15 Juillet 1918, étant dans un P.C. très avancé et à proximité des deux colonels d’Infanterie qu’il était chargé d’appuyer, a assuré lui-même, la liaison avec ces deux colonels, traversant à chaque instant, une région des plus violemment bombardée. A été blessé d’une balle au genou en se rendant au P.C. d’un de ces colonels pour lui communiquer des renseignements urgents, alors que les abords du P.C. étaient déjà occupés par l’ennemi. N’a consenti à se laisser évacuer que sur l’ordre formel du médecin, après achèvement de la mission dont il était chargée ».
Dès sa guérison, à l’hôpital de LYON (Desgenettes) et après quelques jours de convalescence à Fontainebleau (Stucken), il reprend son commandement (fin Août).
Puis c’est l’offensive française finale de 1918, qui amène le Régiment dans la région de CHARLEVILLE.
Suite de la carrière militaire avant la guerre de 39-45
La guerre finie, rappelé à l’intérieur en Mars 1919, le commandant MARS, après un stage de quelques semaines, à l’Inspection du Matériel de la 10ème Armée à FAGNIERES, près de CHALONS, est nommé Inspecteur du Matériel d’Artillerie de l’Armée du Rhin, et arrive à MAYENCE (ville allemande située sur la rive du Rhin) le 22 Juillet 1919.
Le 25 Septembre, il est promu chef d’escadron à titre définitif ; Le 16 Juin 1920, il est nommé Officier de la Légion d’Honneur, pour l’ensemble de ses faits de guerre.
Le 20 Janvier 1921, il est affecté à PARIS, au Ministère de la Guerre (Direction de l’Artillerie), puis à la section technique de l’Artillerie où il est chargé jusqu’en 1927, du Service des Munitions. A ce titre, ayant à traiter avec divers gouvernements étrangers, il reçoit :
– L’Ordre du Mérite Militaire Espagnol (1926)
– L’Aigle Blanc de Pologne « Bene Merentibus » (1924)
– L’Ordre de Saint Sava de Serbie (1926) Le 25 Mars 1927, il est promu Lieutenant-Colonel et le 10 Mai est affecté comme Commandant en Second au 401ème Régiment de D.C.A. à ROMAINVILLE.
Le 9 Février 1930, il reçoit le commandement du 402ème Régiment de D.C.A. à METZ. Il y passe Colonel le 25 Septembre 1930 et commande ce Régiment jusqu’en Mars 1932.
En outre à partir du 10 Juillet 1931, il organise, puis dirige le Cours Pratique de D.C.A. à METZ, jusqu’au 10 Mars 1936.
A cette occasion il reçoit la décoration de :
– Commandeur du Lion Blanc, avec épée, de Tchécoslovaquie (1934) Le Colonel MARS est nommé Général de Brigade le 10 Mars 1936.
Le 29 Mars, il prend le commandement de l’Artillerie de la 16ème Région à MONTPELLIER, puis sur sa demande, à partir du 17 Mai 1937, celui de l’Artillerie de la 5ème Région à ORLÉANS. Le 10 Juillet 1938, il est nommé Commandeur de la Légion d’Honneur.
Le 10 Septembre 1938, atteint par la limite d’âge de son grade, il est placé dans la section de réserve de l’État-major général de l’Armée.
Guerre de 39-45 et fin de sa carrière militaire
Le 3 Septembre 1939, à la mobilisation, il est affecté comme commandant de la D.C.A. du 1er Groupe d’Armées, à l’État-major des Forces aériennes de ce Groupe d’Armées.
Il quitte PARIS le 3 Septembre pour VERSAILLES et prend son commandement à NANCY le 8 Septembre.
Le 11 Octobre, il est, comme les autres officiers généraux du Cadre de Réserve, remis à la disposition du Ministre, sans emploi.
Lors de la Libération au début de 1945, il s’adresse au général de Gaulle pour lui demander un Commandement, fût-ce même sans solde et avec un grade inférieur à celui de général. Mais le général de Gaulle lui fait répondre, que le Gouvernement, tout en le félicitant, ne peut donner suite à cette demande.
Sa carrière militaire se résume en:
41 années de services
10 Campagnes
4 Citations
6 blessures
la cravate de Commandeur de la Légion d’Honneur,
la Croix de Guerre avec 2 palmes et 2 étoiles et divers Ordres étrangers.
Le général MARS est décédé à PARIS, à l’Hôpital Militaire du Val-de-Grâce le 30 Novembre 1946. Il fut inhumé le 4 Décembre 1946 au cimetière du Père Lachaise.
Photos de Jean MARS
Jean MARS en lieutenant en 1910 à Vannes
Jean MARS pendant sa retraite
Vie privée de Claire Marie SuzanneBRESSE et de Jean MARS
Suzanne BRESSE s’est mariée le 2 Octobre 1911 avec Jean MARS, né le 10 Septembre 1878 à Châteauroux (Indre).
Ils eurent 10 enfants, entre 1914 et 1934, dont 3 décédés en bas âge.
(Vous pouvez cliquer sur le tableau pour le voir en grand . Il s’ouvrira dans un autre onglet)
Les naissances des enfants se sont faites presque toutes à Paris, sauf Henri à Fontainebleau et Bernard à Metz qui n’a vécu qu’un an et demi.
Suzanne BRESSE n’a pas toujours suivi son mari : avant la guerre de 14-18, lorsque Jean MARS était muté à Vannes et après la guerre à Chalons et à Mayence
Jean MARS était à Paris entre 1921 et 1927 lors des naissances de François, René, Jacques.
Suzanne a suivi son mari lorsqu’il a été muté à Metz pour la naissance de Bernard.
Photo de Septembre 1925
De gauche à droite : Marie Thérèse (née 21 Novembre 1914), Marie Madeleine (née 26 Mai 1917), Henri (né 4 Septembre 1920), François (né 2 Octobre 1923), René (né 14 Janvier 1925)
Photos de Suzanne MARS
Suzanne MARS lors du mariage de son fils Henri, en 1949
Suzanne MARS entourée de (en partant de la gauche) Marie-Thérèse , François, Marie-Josèphe, Pierre Couronne (époux de Marie -Thérèse) et Muguette Hersant ( épouse de François) en 1956.
Retraite de Jean MARS
Pendant sa retraite, il s’occupe activement dans toute la mesure où ses forces le lui permettent, d’œuvres religieuses ou sociales.
N’ayant jamais craint la mort, comme il l’avait abondamment prouvé sur les Champs de bataille, il s’y était préparé de longue date et en toute sérénité ; il en a été récompensé par une mort parfaitement chrétienne et calme au milieu de tous les siens.
Sa droiture, sa franchise, son sentiment du devoir, sa conscience professionnelle et morale, son énergie et sa patience, ont fait de lui un modèle pour tous ceux qui l’ont connu. Sa grande Foi, son absolue confiance en Dieu, lui ont permis de surmonter toutes les épreuves.
Il a ainsi montré que la vie n’est véritablement ni gaie, ni triste ; qu’elle est sérieuse, parce qu’elle nous engage pour l’éternité entière : mais surtout qu’elle est belle pour un vrai chrétien, parce qu’elle représente, pour qui sait voir, l’accomplissement total d’une mission personnelle, reçue directement de Dieu. Tel est le grand exemple qu’il laisse, pour les soutenir dans les épreuves de la vie, à ses enfants, qu’il a tant aimés.
Décès
Le général MARS est décédé à PARIS, à l’Hôpital Militaire du Val-de-Grâce le 30 Novembre 1946. Il fut inhumé le 4 Décembre 1946 au cimetière du Père Lachaise. Il avait 68 ans.
Suzanne MARS est décédée à PARIS, le 12 Mai 1957, aussi à 68 ans.
Références:
– Notes de son fils François MARS.
– « LA FRANCE MILITAIRE » du 14 Novembre 1930, Journal Militaire quotidien – fondé en 1880,
– Photos de famille
Cet article a pu être écrit grâce à l’aimable participation de Patricia MARS, petite fille de Jean MARS, beau-frère de Pierre BRESSE et de son époux, Bernard de la TULLAYE.
Claire Marie Suzanne (1888-1957) qui a épousé Jean MARS (1878-1946). Ils ont eu 10 enfants
Amédée Charles Pierre (1891-1989) qui a épousé Geneviève BRIERE (décédée en 1941) sans enfants
Madeleine (1892-1943) religieuse Saint Vincent de Paul
Germaine (1895- ), religieuse de l’Assomption
Jacques (1898- ?) qui a épousé Nicole GIRAULT. Ils ont eu 2 enfants : Jean Pierre (1941- ) et François (1945- )
Amédée Charles Pierre BRESSE est né à PARIS 75006 le 14 Février 1891.
Carrière de Pierre BRESSE devenu Général de Brigade
Entrée à l’Ecole Polytechnique en 1912
En 1907 Bachelier (1ère partie latin, sciences)
En 1908 Bachelier ( 2ème partie philosophie et mathématique)
En 1908 externe à Louis le Grand, spécialité prépa.
En 1909 externe à Saint Louis
EN 1910 Le 14 Septembre, admissible à l’Ecole Polytechnique
En 1911 Le 14 Septembre, reçu à l’Ecole Polytechnique
En 1911 Le 06 Octobre, canonnier, au 21ème d’Artillerie à Angoulême.
En 1912 Le 11 Février, brigadier, au 21ème d’Artillerie à Angoulême.
En 1912 Le 10 Octobre, entrée à l’Ecole Polytechnique (Aspirant)
Guerre de 14-18
En 1914 Le 18 Juillet sortie de l’Ecole Polytechnique avec le rang de 177ème sur 215 et choisit l’Artillerie.
En 1914 Le 2 Août, mobilisé comme sous-lieutenant au 28ème d’Artillerie(61°division) (Ecole Militaire du 3° groupe).
En 1914 Le 04 Octobre, 21ème Batterie du 51ème d’Artillerie.
En 1915 Le 01 Octobre, Lieutenant.
En 1915 Le 16 Novembre, commandant de la 23ème Batterie.
En 1917 Le 06 Mars, désigné pour le Cours d’État-major de SENLIS.
En 1917 Le 06 Mars, Stages d’Infanterie et d’Aviation.
En 1917 Le 25 Mars, Cours d’Ecole Militaire.
En 1917 Le 12 Juin, stages d’Ecole Militaire.
En 1917 Le 02 Août, affecté à l’Ecole Militaire du 8ème Corps d’Armée (3°bureau)
En 1919 Le 21 Janvier, cartoucherie de VINCENNES
Suite de la carrière militaire avant la guerre de 39-45
En 1919 Le 25 Mars, Capitaine.
En 1919 Le 01 Avril, Chef de service technique à l’atelier de PUTEAUX.
En 1921 Le 01 Octobre, Professeur de transmissions à l’Ecole d’Application de FONTAINEBLEAU.
En 1927 Le 02 Octobre, 31ème Régiment d’Artillerie au MANS.
En 1928 Le 24 Juin, État-major du 4ème Corps d’Armée au MANS.
En 1928 Le 25 Décembre, Chevalier de la Légion d’Honneur.
En 1928 Le 26 Décembre, Cabinet du ministre de la Guerre.
En 1929 Le 25 Juin, Chef d’Escadron.
En 1929 Le 25 Novembre, commandant le 2ème groupe du 71ème Régiment d’Artillerie à Cheval (Fontainebleau).
En 1932 Le 25 Janvier, Professeur de Balistique à l’Ecole d’Application de FONTAINEBLEAU.
En 1937 Le 27 Septembre, Lieutenant-Colonel.
En 1938 Le 10 Juin, Lieutenant-Colonel au 93ème Régiment d’Artillerie de montagne à GRENOBLE
Guerre de 39-45
En 1939 Le 02 Septembre, commandant le 293ème Régiment d’Artillerie de 155 C TTT.
En 1940 Le 30 Juillet, commandant le 2ème Régiment d’Artillerie.
En 1940 Le 08 Août, Officier le liaison Commission d’Armistice Italienne à CHAMBERY.
En 1940 Le 25 Décembre, Colonel.
En 1941 Le 01 Mars, Officier le liaison Commission de Grenoble.
En 1942 Le 25 Août, Officier de la Légion d’Honneur.
En 1943 Le 20 Octobre, mis en congé d’Armistice.
En 1944 Le 03 Mai, arrêté par la Gestapo et Déporté.
Après la déportation
En 1945 Le 13 Mai, rentré en France.
En 1945 Le 13 Septembre, Directeur du Matériel de la 11ème Région à Rennes et Président du tribunal militaire de la 11ème Région à Rennes.
En 1946 Le 09 Février, Général de Brigade État-major de l’Armée 2ème Section.
23 Février 1946, mis en retraite.
L’allocution prononcée par le Général de CAHOUET, au moment de son départ en retraite
Cher Général,
Au moment où vous êtes atteint par l’inexorable et si hâtive limite d’âge, le Ministre des Armées, au nom du Gouvernement, m’a chargé, et j’en suis fier, de vous présenter l’hommage de l’Armée, et de ceux qui furent pendant votre carrière, en temps de paix ou au cours des deux guerres, vos compagnons d’Armes.
Entré à 20 ans à l’Ecole Polytechnique, c’était chez vous, je le sais, une tradition de famille, vous en êtes sorti en Juillet 1914, déjà fanatique de l’Artillerie. Et quelques jours plus tard, encore en uniforme de Polytechnicien, vous aviez déjà l’honneur de tirer le canon, non point sur un polygone, mais à la Bataille des Frontières, moins d’un mois après, à la Bataille de la Marne. Et dès la fin de 1914, vous aviez la fierté de commander une Batterie de 75; dès 1915 de recevoir, une des premières citations de la guerre.
Cette Batterie, vous l’avez commandée au feu pendant 3 ans sans interruption. Vous l’avez donc fortement marquée de votre personnalité, et quand en Juillet 1916 une nouvelle Citation à l’ordre de l’Armée, célébrait vos qualités d’Artilleur, tous vos hommes en étaient fiers avec vous.
A 25 ans, vous étiez déjà un Chef. Vous saviez comme le montre cette Citation, vous servir du magnifique outil de guerre que vous aviez forgé et vous ne reculiez devant rien pour en tirer le plus beau travail. Je lis dans votre dossier, par exemple qu’ayant eu à démolir un réseau barbelé, vous avez été (sans en demander l’autorisation à vos chefs, qui l’auraient refusée) reconnaître vous-même, sur place, quelques heures avant l’assaut, jusqu’à la première ligne ennemie pour vous assurer qu’il n’en restait plus trace; et vous avez eu la joie de voir, le 1er Juillet 1916, la Compagnie d’Infanterie qui avait réussie à passer par cette brèche, et parvenir sans perdre un seul homme jusqu’à ses objectifs. Un Artilleur d’Appui Direct ne demande pas d’autre récompense.
Je ne cite pas tant d’autres actions d’éclat dans tous les secteurs illustres de cette guerre de 1914-18, de cette guerre dont le chiffre des morts suffirait à faire comprendre aux jeunes générations combien elle fut terrible, même en comparaison de celle qui vient de finir. Je note seulement qu’en 1918 une 3ème citation célèbre cette fois vos qualités d’Officier d’État-major dans les moments critiques dont fut remplie cette année.
Parti Polytechnicien, vous reveniez Capitaine. Après 2 ans à l’Arsenal de Puteaux, stage indispensable pour faire un Artilleur complet, vous étiez nommé à Fontainebleau, qui fut votre garnison de prédilection. A l’Ecole d’Application, vous avez d’abord pendant 6 ans professé la TSF, alors presque à ses débuts. Puis après un intermède au MANS et à PARIS, au Cabinet du Ministre, vous receviez avec bonheur le commandement d’un Groupe d’Artilleurs à Cheval, de ces fameux Volants, une des grandes élites de l’Artillerie et vous en faisiez, dit votre dossier, une Unité de premier ordre.
Rappelé à l’Ecole d’Application pour y professer la Balistique (redoutable honneur) vous y réussissez de façon superbe, enseignant, dit le même document, la Balistique « avec une maîtrise et une clarté hautement appréciée des élèves eux-mêmes » et vous en rédigez un Cours, enrichi de travaux personnels, qui marque dans l’histoire de cette science.
Mais l’heure est venue, où, Lieutenant-Colonel, vous aspirez au but de tout Officier digne de ce nom : le Commandement d’un Régiment. C’est dans une autre élite de l’Artillerie, l’Artillerie de Montagne, la vraie, la muletière, que vous allez servir. Et dès votre arrivée à Grenoble, dès les premières Manœuvres de Haute Montagne, vos Chefs signalent -je cite- « que vous êtes merveilleusement adapté à la montagne »; tout comme naguère, dans l’Artillerie à Cheval, « que vous aviez toutes les qualités du chef dans cette arme »; tout comme dans votre professorat scientifique « que vous dominiez votre sujet et apportiez à votre enseignement la plus grande habilité »; c’est là une bien rare diversité d’aptitudes; et c’est pourquoi vos notes de 1938 vous désignaient comme un « Artilleur exceptionnellement complet et apte aux plus hautes fonctions dans son Arme »
Mais voici 1939. Vous formez de toutes pièces un de ces très beaux Régiments qu’on avait réservés à des chefs de grande classe, d’Artillerie lourde de montagne à tracteur tous terrains. Et jusqu’aux heures tragiques, vous allez le former, l’instruire, le modeler en vue de sa tâche.
En Mai 1940, vous recevez en outre le commandement de l’Artillerie de la Vallée de l’UBAYE. Plus de 100 pièces de tout calibre, placées de 1000 à 2000 mètres d’altitude, commandées et servies par 150 officiers et 4000 hommes, vont sous vos ordres barrer 60 kilomètres de frontière des Alpes. Attaquant comme le dira l’histoire, à 10 contre 1, l’ennemi ne put même atteindre vos lignes: il avait été écrasé par votre Artillerie et perdit 400 prisonniers sans en prendre un seul. Dans ce secteur il avait été tiré plus de coups de canon que de fusil; aussi une 4ème citation 25 ans jour pour jour après votre 1ère citation de 1915 (et, fait fort rare dans l’Armée des Alpes homologuée peu après) vint-elle célébrer ce haut fait d’armes.
Mais hélas, seul fut sauvé l’honneur, pour l’Armée des Alpes. Un calvaire restait à gravir et vous ne vous y êtes pas dérobé. Après avoir avec douleur, dissous ce beau Régiment, votre Régiment, car il n’a jamais eu d’autre Colonel que vous. Vous avez voulu servir encore, et dans les missions les plus pénibles : défendre dans une Commission d’Armistice dont vous étiez le chef, tout ce qui pouvait être défendu contre l’investigation et la rapacité des vainqueurs provisoires. Dans ce tout nouveau métier de diplomate, avec ses incidents tantôt homériques, tantôt affreusement tragiques vous avez révélé aussi des qualités hors ligne et remporté d’étonnants succès, pour le service de l’Armée Secrète.
Métier de diplomate, certes : mais où l’on jouait sa liberté et sa vie; et vous le saviez. Aussi est-ce sans étonnement que vous vîtes la furieuse « Gestapo», ayant décelé certains de vos actes de bon Français, s’emparer de vous, vous détenir pendant plus d’un an, et avec quelles menaces, dans ses camps de déportations de Compiègne, de Godesberg et d’Eisenberg. Mais là encore vous avez su malgré la tristesse d’un deuil cruel et récent, entretenir par tous les moyens la flamme du courage et de l’optimisme parmi vos camarades de déportation, qui ne pourront jamais l’oublier.
Et ce fut le retour, à la Libération. Aussitôt rétabli, vous avez voulu reprendre du service; et ce n’est qu’après vous avoir décerné les Étoiles si bien méritées et si bien placées, que l’Armée, obéissant à l’inéluctable loi de la limite d’âge, s’est vue obligée de se séparer de vous.
Belle carrière en vérité et si bien remplie : services d’État-major ; services techniques; instruction des officiers; mais surtout commandements de troupes pendant la première Guerre presque entière; commandement d’une Batterie pendant la deuxième, commandement d’un Régiment. Le jeune fanatique de l’Artillerie qui sortait de l’Ecole Polytechnique en Juillet 1914 ne pouvait certes pas rêver une plus belle carrière.
Mais ce que je veux surtout vous dire, après avoir accompli ma mission qui était de vous remercier au nom du Gouvernement et au nom de l’Armée, des éminents services rendus à la Patrie, ce que je veux surtout vous dire c’est qu’en vous adressant ces paroles je ne suis que l’interprète d’une foule d’Officiers qui pendant 35 ans ont servi sous vos ordres; soit pendant les deux Guerres, soit dans les commandements du temps de paix, soit dans les services techniques, soit dans les Ecoles d’Officiers; et surtout de ces innombrables anciens sous-lieutenants élèves auxquels vous avez enseigné, avec un tel succès, les sciences les plus primordiales de l’Artillerie et à qui vous avez fait comprendre que pour être un Artilleur complet et digne de ce nom, il faut cultiver et mettre en œuvre avec passion tous ses dons qu’ils soient intellectuels, physiques, ou moraux; qu’il faut se donner avec enthousiasme.
Au nom de tous, mon cher Général, merci. Général de CAHOUET
Ensuite, lecture de ses citations à l’ordre des Armées pendant les guerres de 14-18 et de 1940
I -A l’Ordre de la 61ème Division,le 28 Juin 1915 (Ordre N°84)
Etant observateur dans les tranchées le 15 Juin, a demandé à rester à ce poste pour l’attaque du 16. A dans des circonstances très difficiles (l’observatoire ayant été détruit) assuré personnellement l’observation et la liaison avec son capitaine commandant. Les fils téléphoniques ayant été coupés, a dû se rendre sous un bombardement violent au téléphone le plus voisin.
Signé: NIVELLE
II -A l’Ordre de la 6ème Armée,le 10 Juillet 1916(Ordre N°373)
Lors de l’attaque du 1er Juillet et pendant les journées qui l’ont précédée, a fait preuve du plus grand courage en réglant ses tirs de destruction du haut d’un arbre situé à proximité des premières lignes dans une zone violemment bombardée. A occupé cet observatoire pendant 6 jours consécutifs malgré le feu de l’ennemi.
Signé: FAYOLLE
III -A l’Ordre du 8ème Corps d’Armée,le 16 Novembre 1918 (Ordre N°352)
Officier de liaison d’un dévouement absolu et d’un courage éprouvé, dans maintes circonstances et notamment le 21 Juillet, les 20 et 30 Octobre 1918, s’est porté sous le feu jusqu’aux premières lignes, pour renseigner le Commandement sur la situation des éléments avancés, faisant preuve d’une belle crânerie et d’une intelligente initiative.
Signé: HELY d’OISSEL
IV -A l’Ordre de la Brigade,le 28 Juin 1940 (Ordre N°18 de la 64ème Division)
A, pendant les combats du 17 au 25 Juin 1940, brillamment commandé l’Artillerie de la Vallée de l’Ubaye, causant à l’ennemi de lourdes pertes et permettant à l’Infanterie de maintenir toutes ses positions.
Signé: de SAINT-VINCENT
En 1944 Le 3 Mai, Pierre BRESSE est arrêté par la Gestapo et Déporté
Acte de Déportation de Amédée Charles Pierre BRESSE
Vie privée de Amédée Charles Pierre BRESSE
Il se marie le 6 Avril 1920 avec Geneviève BRIERE à l’Eglise de Saint-Sulpice PARIS.
Ils n’ont pas eu d’enfants.
Malheureusement, Geneviève BRIERE est victime de la tuberculose et décède à 42 ans le 8 Juillet 1941à La Tronche (38).
Que s’est-il passé pour Pierre BRESSE après sa déportation ?
En 1945, le 13 Mai, il est rentré en France.
Après 3 heures d’avion arrivé au Bourget, puis l’Hôtel Lutetia, visite médicale et rue de l’Odéon. Pierre passe quelques jours de repos, dont il avait besoin, rue de l’Odéon.
Puis le 15 Juin, il s’installe 74 Boulevard Montparnasse, dans un appartement qui par une chance inespérée est libéré depuis quelques jours par la mort d’un vieux médecin et que ses beaux-parents ont pu lui réserver.
Pierre est content de revoir ses meubles et ses papiers qu’il n’avait pas vu depuis 4 ans, mais ce n’est hélas, en rien comparable à ses installations d’autrefois.
[Jean François BRESSE] J’ai le souvenir d’avoir été dans cet appartement, en Juillet 1965, alors qu’il était occupé aussi par la famille de sa sœur Suzanne et de Jean MARS.
Le 1er Septembre, après avoir bataillé avec le ministre il a été rappelé à l’Activité et nommé à Rennes. L’appartement restait vide, en ces temps de réquisition c’était très imprudent, Pierre fit donc occuper la moitié par les filles d’un de ses camarades de Fontainebleau, qui était d’ailleurs sous ses ordres à Rennes.
A Rennes, il est logé chez un instituteur en retraite près de la gare. C’est propre et neuf, mais glacial. Pierre vient à Paris tous les 8 ou 15 jours.
Et le 23 Février 1946, il dépose pour la dernière fois l’Uniforme d’Artilleur qu’il a porté depuis 35 ans.
Pierre BRESSE passera les derniers jours de sa vie au Château du Val à Saint Germain en Laye où il décédera, le 11 Juin 1989, à 98 ans.
En 1927, une partie du parc est lotie et le reste du domaine, ramené à 3,5 hectares, est donné à la Société d’Entraide des Membres de la Légion d’Honneur. Le château devient une résidence pour les membres de la Légion d’Honneur.
Photos de Pierre BRESSE
Propriétés de la famille de Pierre BRESSE
Maison de FONTAINEBLEAU au N°56 RUE Saint Merry
Elle a été achetée en 1878 par les arrière-grands-parents GOUGET-DESFONTAINES (grands-parents de Gabrielle BELLOM, épouse de Marcel) pour y prendre leur retraite pas trop loin de Paris et de leurs enfants.
Ils avaient connu FONTAINEBLEAU lors du séjour des grands-parents de Pierre BRESSE, avant 1870 (rue Royale, où était née sa mère).
Elle n’était pas neuve, datant de 1840 environ, Auparavant s’élevait là la Poste aux lettres: c’est ce qu’on voit sur un plan Louis-Philippe.
Ses grands-parents vers 1885 firent faire des travaux par M. BOITTE, architecte du château: la tourelle des cabinets et la terrasse qui fut ensuite couverte d’une véranda. Celle-ci assombrissait le rez-de-chaussée; on réunit en baie les 2 fenêtres du salon, et on mit au fond de celui-ci une grande glace.
La maison fut dans sa splendeur vers 1900 : très bien entretenue, chauffée, une cour remplie de fleurs sur gradins.
Cette maison a vu bien des événements de famille, son arrière-grand-père y est mort. Son grand-père aussi, dans la grande chambre où Pierre l’avait embrassé la veille. Son père y est mort dans ses bras, dans cette même chambre encore.
Sa mère y est restée jusqu’à l’avant-veille de sa mort.
Pierre y a passé, ainsi que Suzanne, sa nuit de noce. Jacques MARS y est né… et 5 générations l’ont habité plus ou moins longtemps.
Suite au décès de sa grand-mère Mathilde BELLOM (née GOUGET-DESFONTAINES) morte en 1915, à la demande de Pierre, ses parents gardèrent la maison.
Après la Guerre, Pierre revint, marié, habiter la maison de 1921 à 1927. En 1927 Pierre partit pour Le Mans.
Après la mort de son père en 1934, sa mère continuait d’habiter là. Depuis 1930 et jusqu’en 1938, Pierre était revenu à Fontainebleau ; puis il partit pour la Tronche (commune située dans la proche périphérie de Grenoble).
Puis ce fut la Guerre, l’Invasion. Sa mère était à Paris quand les Allemands occupèrent la maison, la saccagèrent pas mal, et volèrent quelques objets. Elle y revint peu après et usa ses dernières semaines à réparer les dégâts.
La maison, très logeable : 13 Chambres, dont 4 grandes à 2 fenêtres, Salle à manger, 2 Salons … et 5 WC, quoique bourrée de meubles d’une façon incroyable, pouvait nous recevoir nombreux.
La nouvelle génération a connu cette maison à son déclin, bien délabrée mais pleine de souvenirs.
Pierre espère qu’ils garderont son souvenir, comme d’une chère vieille chose et comme du cadre de vie de leurs grands-parents à la fin de leur existence.
C’est près de là, au cimetière de Fontainebleau que reposent les parents, deux des grands-parents, deux des arrière-grands-parents de Pierre BRESSE.
Tous étaient très attachés à cette vieille maison. Elle a été vendue depuis.
Maison de Fontainebleau. Été 1909, les frères et sœurs de Pierre : Germaine, Jacques, Madeleine
Propriétés en Touraine
Les arrière-grands-parents de Pierre BRESSE, parents de Pauline RAY, épouse de JAC BRESSE, ont acheté en 1849 aux Maillé de la Tour Landry, Forgeais avec sa ferme et la Bigotière et la Chevronière.
Puis de temps en temps, ils achètent de petits lopins pour s’agrandir. La maison de Forgeais était en partie une ancienne maison forte (murs énormes et puits dans la cuisine, elle était faite pour soutenir un siège)
Dès le début ses arrière-grands-parents y passaient près de 6 mois par an. Ils s’occupaient eux-mêmes de l’exploitation de la ferme et des bois.
Le père de Pierre BRESSE, Charles François Marcel BRESSE et ses cousins y passaient toutes leurs vacances.
Pierre BRESSE y a surtout connu sa grand-mère BRESSE (née Pauline RAY) et son grand-oncle Eugène RAY, son frère, si vivant et si gai. Pierre jouait avec les chiens, allait à la pêche à la ligne ou à l’écrevisse dans la rivière, il faisait des promenades en charrette avec un petit cheval qu’il conduisait.
En 1911, à la mort de son grand-oncle, la maison et la ferme de Forgeais, qui étaient sa part, furent vendues. Mais sa grand-mère restait propriétaire des fermes, la Bigotière, la Chevronière, le Moulin Paquet et de divers bois qui entourent ces fermes.
Pierre Bresse a gardé cette propriété à la mort de son père en 1934.
Tous les ans (sauf pendant la Guerre), il y allait 2 fois. En été jusqu’en 39, c’était en auto avec Geneviève (son épouse) pour lui faire connaître le pays et ses habitants, fermiers ou voisins.
Elle s’y est beaucoup plu, et y a été admirablement reçue. Parfois, leur passage au pays était marqué d’un petit événement : baptême dans une ferme, bénédiction d’une Croix qu’il avait fait rétablir, etc…
Dessin au fusain de la maison de Forgeais. Il a été réalisé vers la fin de la guerre 39/45 par un réfugié que les parents du propriétaire actuel, avaient temporairement hébergé. Il représente donc la maison du temps où Pierre BRESSE l’a connu.
Cet article fait suite à l’article qui a déjà été publié sur le site de la Famille BRESSE pour JAC BRESSE et aussi sur l’article paru dans Wikipédia sur JAC BRESSE.
En Juin 2020, j’ai été contacté par un professeur d’hydraulique émérite de l’École polytechnique fédérale de Zurich, Professeur Willi Hager qui a proposé une publication dans le journal américain Journal of Hydraulic Engineering. Cette publication est en anglais. Elle est en cours de relecture.
Ce Professeur connait le nom de BRESSE depuis ses études. JAC BRESSE a fait, il est vrai, un des livres d’hydraulique des plus importants, qui est même aujourd’hui encore actuel.En effet, son livre de Mécanique Appliquée sur la partie « Hydraulique », est encore disponible sur Internet.
A l’époque, JAC BRESSE est surtout reconnu pour ses travaux sur la flexion des poutres et arcs, domaine dans lequel il est l’un des contributeurs majeurs avec Barré de Saint-Venant. Tous deux développent leurs travaux à partir du travail d’Henri Navier. Il systématise le travail autour des arches et dresse un tableau de tous les cas particuliers.
Les déformations sont obtenues par sommation (intégration) des déformations élémentaires des petits tronçons de poutre. Elles permettent de calculer les déplacements des poutres sous l’effet du chargement. Elles servent pour le calcul des ponts routiers ou de chemin de fer. Ces équations sont dites « Equations de BRESSE » ou « Equations de NAVIER-BRESSE ».
Il était décédé lorsque Gustave Eiffel a construit sa Tour, mais celui-ci a voulu lui rendre hommage en mettant son nom au niveau du premier étage, avec d’autres savants (mathématiciens, physiciens, chimistes…) beaucoup plus connus comme Ampère, Lavoisier, Laplace, Chaptal, Gay-Lussac, Becquerel, Coriolis, Coulomb, Foucault….
Plus tard, il a fait des recherches hydrauliques, en particulier sur la surface libre des cours d’eau. Ceux-là ont été couramment utilisés dans les constructions de barrages, en particulier pour calculer d’avance comment ils modifieront le cours d’eau en amont du barrage.
Dans son cours de Mécanique appliquée de 1860, il y a deux parties :
La partie 1 traite de la résistance des matériaux et de la stabilité des structures
La partie 2 traite de l’hydraulique
Ce cours a au départ été réalisé pour les étudiants de l’École impériale des Ponts et Chaussées de Paris.
Le Professeur Willi Hager a fait une analyse détaillée de la partie 2 sur l’hydraulique.
Le livre est subdivisé en sept chapitres :
Chapitre I : Hydrostatique et hydrodynamique
Chapitre II : Écoulement permanent par orifice
Chapitre III : Écoulement permanent dans les tuyaux
Chapitre IV : Flux régulier dans les canaux découverts
Chapitre V : Flux de gaz
Chapitre VI : Pression réciproque des fluides et des solides pendant leur mouvement
Chapitre VII : Machines et pompes hydrauliques
Ses Conclusions
Le livre Hydraulique de JAC BRESSE (1860) a considérablement enrichi les ouvrages similaires alors disponibles.
Ses caractéristiques exceptionnelles sont :
Présentation simple d’un sujet
Utilisation d’un langage simple attirant ainsi les étudiants et les praticiens
Présentation de croquis pour détailler les explications textuelles
Exemples pour appliquer les connaissances
De courts croquis historiques pour résumer les informations
Connaissances analytiques simples requises pour le lecteur
Comme inconvénients du livre, on peut dire :
Les flux instables sont complètement absents
Les références ne sont pas systématiquement incluses
Les croquis extraits de photographies expliquant les caractéristiques du flux sont absents
Les résumés de certaines sections ne sont pas systématiquement disponibles.
Correspondance entre deux scientifiques à propos des travaux de JAC BRESSE sur l’hydraulique
Le Professeur Willi Hager a passé en 2015 un congé sabbatique à Paris, où il a pu accéder la Bibliothèque de l’Institut de France. Là, on conserve un total de 600 lettres avec presque 2000 pages, d’où il y a entre autres des lettres sur JAC BRESSE. Il a étudié une importante correspondance entre Adhémar Barré de Saint-Venant (dSV, 1797-1886) et Joseph Boussinesq (JB, 1842-1929), deux grands scientifiques de la fin du XIXe siècle, sur les travaux de JAC BRESSE.
En outre, des questions de tous les jours sont traitées comme les affaires familiales, les mariages, la matière pédagogique, mais il y a aussi une grande partie sur des sujets d’éthique, de philosophie des sciences, de religion et de politique, y compris l’époque de la guerre franco-prussienne en 1870 / 71 avec l’implication de deux fils de dSV.
Election de JAC BRESSE à l’Académie des Sciences
Le Professeur Willi Hager fait une analyse détaillée de l’élection de JAC BRESSE à l’Académie des Sciences à partir des correspondances archivées.
Adhémar Barré de Saint-Venant (dSV) préside la Section de Mécanique de l’Académie des Sciences à partir de 1868. Dans les années 1870, dSV a voulu faire élire Joseph Boussinesq (JB) à l’Académie. dSV était le tuteur de Joseph Boussinesq (JB) depuis près de 20 ans, JB était né en 1842 et était très jeune à l’époque (moins de 30 ans). dSV pensait aussi à Henri Tresca, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris et ensuite à JAC BRESSE.
Henri Tresca, a été élu en 1872 et JAC BRESSE le 31 mai 1880, en remplacement du général Morin (Arthur Jules Morin 1795-1880, ingénieur civil français »)
Le fait que JAC BRESSE a été élu à l’Académie n’était guère dû à ses recherches exceptionnelles, mais plutôt à sa collégialité et à son entrée dans les associations d’ingénieurs françaises.
Les ouvrages sur la résistance des matériaux et la stabilité des structures d’une part, et sur l’hydraulique d’autre part, sont bien entendu d’une importance particulière.
En effet, JAC BRESSE reçoit en 1874 le Prix Poncelet, prix scientifique attribué par l’Académie des sciences.
Il est aussi fait chevalier de la Légion d’honneur en 1880
En 1856, il se marie avec Pauline RAY, qui a 20 ans. Ils n’auront qu’un seul enfant, Charles François Marcel BRESSE (1857-1934), qui est lui-même devenu Inspecteur Général des Ponts et Chaussées.
Le 8 Mai 1883, il s’alite, atteint d’une érysipèle (infection cutanée inflammatoire). Il meurt le 22 Mai 1883, âgé de 60 ans.
Lors de ses obsèques, des discours ont été prononcés par François Tarbé de Saint-Hardouin, directeur de l’Ecole des Ponts et Chaussées, Charles Lefébure de Fourcy, Inspecteur Général des Ponts et Chaussées, Édouard Phillips, inspecteur général des mines, membre de l’Académie des Sciences, Ernest Mercadier, directeur des études à l’école polytechnique. On peut télécharger les discours qui font partie de « Mémoires et documents relatifs à l’art des constructions et au service de l’ingénieur, 1883, 1re semestre, p. 650-659 » https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4085390/f643.item.r=.zoom
Discours d’Édouard Phillips
« BRESSE est né à Vienne (Isère) le 9 octobre 1822. Reçu à l’Ecole Polytechnique en 1841, il rejoint en 1843 le Corps des Ponts et Chaussées, dont il conquit successivement tous les grades jusqu’à celui d’Inspecteur Général de deuxième classe, conféré à lui le 16 juillet 1881.
Voici les fonctions qu’il a assumées au cours de sa carrière qui témoignent de sa courageuse et constante persévérance. En 1848, peu de temps après avoir quitté l’école des Ponts et Chaussées, il fut nommé maître adjoint de mécanique appliquée à l’école. Puis, à partir de 1853, il fut intérimaire Maître de conférences ; et en 1855, il fut nommé professeur titulaire du même cours. M. BRESSE n’avait alors que trente-trois ans et a pu élever son niveau d’enseignement à une grande hauteur. Il a occupé ce fauteuil jusqu’à la fin, c’est-à-dire pendant vingt-huit ans.
«En 1851, à l’âge de vingt-neuf ans, il est nommé maître assistant du cours de mécanique et machines à l’Ecole polytechnique. Puis, en 1863, il devient examinateur d’étudiants sur cette branche de la science, et enfin, en 1879, professeur du même cours. On voit ainsi que, pendant de nombreuses années, notre cher et feu Frère a supporté un très lourd fardeau par ses fonctions simultanées dans les deux écoles importantes auxquelles il était attaché. Pourtant, il n’a jamais cédé sous un tel travail et a toujours rempli sa tâche de la manière la plus méritoire.
«Il a même trouvé le temps de publier son cours à l’École des Ponts et Chaussées et a ainsi produit un livre en plusieurs volumes, qui est un modèle de clarté et de science, dans lequel il a résolu un certain nombre de problèmes nouveaux et importants. Ainsi, ce traité n’est pas seulement classique en France, mais aussi encore répandu à l’étranger, et est souvent consulté avec succès par les ingénieurs et les scientifiques. «Enfin, M. BRESSE a reçu l’honneur suprême auquel un homme de son mérite peut aspirer. Le 31 mai 1880, il est élu membre de l’Académie des sciences de la section mécanique, en remplacement du général Morin (Jules Morin 1795-1889, ingénieur civil français»). Il ne semble pas que, devant cette tombe encore ouverte, on puisse entrer dans le détail de ses titres scientifiques qui lui ont valu ce couronnement de sa carrière. Nous ne pouvons qu’énoncer l’essence et mettre en évidence les caractéristiques les plus importantes. »
« En terminant, j’ajouterais qu’en lui les qualités morales de l’homme étaient à la hauteur de la valeur du savant. Tous ceux qui l’approchaient connaissaient sa simplicité, sa droiture, sa parfaite honorabilité et sa conscience scrupuleuse dans l’accomplissement de ses devoirs. A ceux qui ont l’honneur, Messieurs, de vous parler et qui ont été unis à M. BRESSE par les liens d’une vieille amitié, remontant à l’époque où nous étions ensemble à l’Ecole Polytechnique.
«Sa veuve si cruellement éprouvée, son fils qui marche dignement sur ses traces dans cette belle carrière des Ponts et des Chaussées, a eu, dans leur profonde douleur, la suprême consolation de le voir mourir dans l’esprit chrétien que nous l’avons connu. Que les sympathies de l’Académie leur apportent aussi du soulagement et de la démission. Au revoir, cher frère et ami. Au revoir ! »
Discours d’Ernest Mercadier
« Professeur, il était avant tout soigneux, clair et précis. Respectueux de lui-même et de son auditoire, il ne lui apportait jamais que des choses étudiées, muries, approfondies. Il ne laissait rien à l’imprévu, et après avoir adopté un ensemble, il en perfectionnait sans cesse les détails. Il était un homme consciencieux, un homme du devoir. Il en avait le sentiment profond, et l’accomplissait simplement. C’est ainsi qu’il a passé plus de trente ans parmi ses collègues, aimé de la plupart, estimé de tous. »